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Actualité du Samedi 05 Novembre 2005 à 20h30

CONCERT MANCA 2005 - Ensemble Sillages ‘‘Ciné Concert‘‘

 

Samedi 5 novembre 2005 - Au Théâtre Francis Gag (Nice) - Direction Lorraine Vailancourt - Au programme : Martin Matalon "Traces II" (2005) - musique sur le film "las hurdes" (1932) de Luis Bunuel, Atli Ingólfsson "Play and destroy" (2005) production CIRM, François Paris musique sur le film (2005) "A propos de Nice" (1929) de Jean Vigo.



Ensemble Sillages

Lorraine Vaillancourt, direction


Flûte : Sophie Deshayes - Clarinette : Olivier Pierre-Vergnaud - Violon : Lyonel Schmit, Anne-Cécile Schmit - Alto : Gilles Deliège - Violoncelle : Benjamin Carat - Piano : Vincent Leterme - Percussion : Hervé Trovel

Martin Matalon        Traces II (2005)                            38’
Musique sur le film "Las Hurdes" de Luis Buñuel
Pour alto, récitant et électronique
Miguel Borras, récitant
 Arnaud Sallé, assistant musical
                Commande du Musée du Louvre et de La Muse en Circuit
                Co-production La Muse en Circuit


Atli Ingólfsson
        Play and destroy (2005)                         15’
Pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano, percussions, électronique et vidéo.
 Lino Greco, videaste
Simone Bellotti, plasticien
Frédéric Voisin, assistant musical

Création Mondiale – Production CIRM

Entracte

François Paris    Musique sur le film (2005) "A propos de Nice" de Jean Vigo        25’
Pour flûte, clarinette, piano, percussions et quatuor à cordes.
Commande du Nouvel Ensemble Moderne de Montréal, de musique nouvelle en liberté-Mairie de Paris et de l’ensemble Sillages.
Avec l’aide de l’Adami et de la Spedidam

Ce concert entre dans le cadre de la programmation « Cinéma des Utopies » de la Mission Cinéma de l’Espace Magnan qui propose, durant ce week-end, la rétrospective de l’œuvre de Jean Vigo, en présence de sa fille Luce Vigo.


Technique CIRM - Ingénieur du son, Nicolas Déflache

Spectacle filmé par la Mission Cinéma de l’Espace Magnan

Fin du spectacle  22h30

• « Un essai cinématographique de géographie humaine » avec « Las Hurdes » de Luis Buñuel, un « documentaire social » avec « A propos de Nice » de Jean Vigo et la destruction d’une œuvre plastique filmée et enregistrée dont la résurrection sonore est assurée par le matériau même de sa destruction avec Atli Ingólfsson.
• Une commande franco-canadienne pour le centième anniversaire de la naissance de Vigo, une réalisation commande de la « Muse en Circuit » autre centre de création musicale complice du CIRM, cette œuvre poursuivant la lignée des « Traces » initiée par le compositeur dans le cadre d’une co-commande du « Printemps des arts » de Monaco et du CIRM en 2004, et la création mondiale de « Play and Destroy », commandée puis réalisée dans les studios du CIRM.
• Des cinéastes espagnols, français d’hier et un plasticien italien d’aujourd’hui, des compositeurs argentin, français et islandais, tout ceci pour vivre un moment intense de dialogue à travers les frontières et à travers les âges, à travers ce qui se voit et ce qui s’entend.


Ensemble Sillages
Fondé en 1992 par Philippe Arrii-Blachette, l'ensemble SILLAGES est une formation de musiciens qui trouvent à travers les compositeurs de notre temps l'expression de leur sensibilité d'interprète.
Engager un travail suivi avec les compositeurs, interpréter le répertoire des XXe et XXIe siècles avec une exigence toujours soutenue, travailler à l’élargissement du public, sont les engagements primordiaux de l’Ensemble. De nombreuses créations ont vu ainsi le jour  en concertation avec leurs auteurs Jean-Yves Bosseur, André Hodeir, Kasper Toeplitz, Antoine Hervé, Vinko Globokar, Thierry Blondeau, Jean-Louis Agobet, Régis Campo, Bruno Ducol, Gualtiero Dazzi, Philippe Schœller. Un CD consacrant sa collaboration avec Jean-Luc Hervé vient de paraître chez l’empreinte digitale.
Implanté à Brest depuis 1996, associé au Quartz, scène nationale de Brest, l'ensemble SILLAGES est subventionné par le Ministère de la Culture, DRAC-Bretagne, la Ville de Brest et la SACEM (division culturelle).

Lorraine Vaillancourt, direction
Lorraine Vaillancourt est fondatrice et directrice artistique du Nouvel Ensemble Moderne (NEM), « en résidence » à la Faculté de musique de l’Université de Montréal depuis novembre 1989. Elle enseigne par ailleurs dans cette institution depuis 1971, et y assume la direction de l’Atelier de musique contemporaine depuis 1974.
La chef d’orchestre et pianiste est régulièrement invitée à diriger divers ensembles et orchestres tant au Canada qu’à l‘étranger. Au seul pupitre du NEM, qu’elle dirige depuis ses débuts, Lorraine Vaillancourt a assuré la création d’un grand nombre d’œuvres au Canada et dans le cadre de tournées internationales.
Lorraine Vaillancourt est Membre fondateur de la société de concerts montréalaise « Les Événements du Neuf » de 1978 à 1989. Présidente du Conseil québécois de la musique (CQM) de 1998 à 2001, elle a ensuite siégé au Conseil d’administration du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) de 2001 à 2005. Par ailleurs, Lorraine Vaillancourt est Membre de la Société Royale du Canada.

Martin Matalon, compositeur (Buenos Aires, 1958)
Martin Matalon étudie à la Juilliard School de New York où il obtient son Master de composition.
En 1989, son opéra de chambre, « Le Miracle secret », sur une nouvelle de Jorge-Luis Borges, est créé au Festival d’Avignon.
La même année, s'étant initié à la direction d'orchestre avec Jacques-Louis Monod, il fonde Music Mobile, ensemble consacré au répertoire contemporain basé à New York. En 1993, définitivement installé à Paris, le compositeur collabore pour la première fois avec l'IRCAM et travaille à « La Rosa profunda », musique destinée à l'exposition qu'organise le Centre Pompidou sur "L'Univers de Borges". L’IRCAM lui commande une nouvelle partition pour la version restaurée du film de Fritz Lang, « Metropolis ». Après ce travail considérable, Martin Matalon se plonge dans l’univers de Luis Buñuel en écrivant consécutivement deux partitions pour deux films mythiques du cinéaste espagnol : « Las Siete vidas de un gato », pour « Un Chien andalou » (1996) (qui orchestrée deviendra « El Torito catalan », créée en 2001  par l’Orchestre National d’Ile de France sous la direction de Jacques Mercier), et « Le Scorpion » (pour 6 percussions, deux pianos et dispositif électronique en temps réel) pour « L’Age d’or ».
Son catalogue comprend également un nombre important d’œuvres de musique de chambre, telles que « Formas de Arena », pour flûte, alto et harpe, ou « Lineas de agua » pour octuor de Violoncelles. Initiée en 1997, la série des « Trames », œuvres à la lisière de l'écriture soliste du concerto et de la musique de chambre, constitue pour le compositeur une sorte de "journal intime compositionnel". Elle comprend « Trame II », pour clavecin et petit ensemble, créé par Elizabeth Chojnacka, « Trame III », pour violoncelle et orchestre (commande de Radio France et de l’Orchestre National de France pour le Festival Présences 2000), « Trame V », pour trompette et orchestre (commande de l’Orchestre National de Lorraine) et « Trame VI », pour alto et ensemble, créé en février 2004 par l’Ensemble Intercontemporain et par l’altiste Odile Auboin.

Traces II (2005)
Pour alto, récitant et électronique.
Musique sur le film Las Hurdes de Luis Buñuel         
Récitant : Miguel Borras - Assistant musical : Arnaud Sallé
Commande musicale de l'Auditorium du Louvre et de la Muse en Circuit avec le soutien de l'Etat. Production la Muse en Circuit – Centre de création musicale en Ile-de-France, coproduit par l’Auditorium du Louvre.

Il y a trois ans, Matalon achevait « Le Scorpion » pour piano, six percussions et dispositif électronique, destiné à « L'Âge d'or », réalisé par Buñuel en 1930, grâce à l'injonction de Charles de Noailles. À présent, en abordant « Las Hurdes » par « Traces II » (La cabra) pour alto et électronique en temps réel, il constitue une sorte de triptyque Buñuel, tout en poursuivant une recherche personnelle (Les Traces). Tout commence par les séjours réguliers qu'un directeur de l'Institut français de Madrid, Maurice Legendre, effectue dans une région méconnue, extrêmement pauvre et arriérée de l'Espagne : Las Hurdes. Legendre publie une thèse sur le sujet en 1927, Yves Allégret en conseille la lecture à Buñuel quelques années plus tard, et au printemps 1933, le cinéaste et deux amis s'installent dans ces lieux désolés pour tourner un essai cinématographique de géographie humaine, comme l'annonce le texte qui ouvre le film (reprenant le titre de la thèse de Legendre). Avec un prélude aux images énigmatiques, et une coda rageuse, « Traces II » vient distribuer une sorte de halo inquiet à la projection, désignant le plus pudiquement qui soit la mise en scène de la misère, avec beaucoup de soin et d'à propos. La sonorité générale est tout âpreté, à l'inverse de la relative plasticité du « Scorpion ». Lorsque le texte dit : "détail curieux : dans les villages des Hurdes, nous n'avons jamais entendu une chanson", l'alto amorce une mélodie désolée et rauque qui, sans faire mentir le commentaire, vient au contraire déjouer la tentation d'illustration. De même le seul moment de vrai silence, comme une respiration dramatique, vient renforcer l'effet glaçant de l'exposition dépassionnée et clinique des effets de la piqûre de l'anophèle.
Bertrand Bolognesi

Miguel Borras, comédien-récitant (Bucaramanga, Colombie, 1960)
Maîtrise de théâtre
El Teatro Libre de Bogota
Laboratorium Théâtre de Pologne (Rischard Scieslack)
Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris (Mario Gonzalez, Claude Regy)
Philippe Gaullier (clown, masque)
Alain Gautré (clown)

Comédien, il joue au théâtre et au cinéma, notamment dans le dernier film de Bernie Bonvoisin aux côtés de Carole Bouquet et de Jean Rochefort. Une tournée internationale le conduit des Etats Unis en Chine, puis en Europe, où il choisit de s'installer en 1984.
Comme metteur en scène, il a monté une vingtaine de spectacles, tous joués en région parisienne et en tournées.
Il travaille également avec des musiciens et met en espace plusieurs spectacles de musique contemporaine commandés par l’ARIAM Ile de France.

Luis Buñuel, cinéaste (Calanda – Espagne, 1900 - Mexico, 1983)
Il vient au monde dans une famille nombreuse mais riche et doit subir l'éducation jésuite, dans une petite ville réputée pour son obscurantisme religieux. Toute son œuvre sera marquée par cette contrainte.
De nationalité espagnole, il deviendra mexicain.
À 17 ans, il part à Madrid pour commencer des études supérieures, où il rencontre Dali et Garcia Llorca et apporte son soutien au mouvement Dadaïste.
En 1925, à Paris, il arrive à se faire embaucher comme assistant-réalisateur de Jean Epstein, sur le tournage de « Mauprat », puis, en 1928, de « La chute de la maison Usher ».
En 1928, financé par sa mère, il tourne son premier film, avec Dali, « Un chien Andalou », il sera projeté en privé pour Man Ray et Aragon qui décident de commander une projection pour le groupe des surréalistes. C'est un très gros succès et le film sera projeté pendant presque un an.
En 1930, « l'âge d'or » fera parler encore plus de Buñuel, une projection fera l'objet d'une agression par des fascistes et provoque un scandale qui aboutit à l'interdiction du film. Cette interdiction ne sera levée formellement qu'en 1981.
Entre 1933 et 1935, Buñuel travaille pour des compagnies américaines. La guerre civile qui éclate en Espagne le bouleverse. Il participe à un documentaire pro-républicain « Madrid 36 », puis il se rend aux Etats-Unis. Il travaille à démontrer l'efficacité et le danger des films de propagande nazis (il utilise en particulier un film de Leni Riefenstahl).
Mais il étale son anticléricalisme, son marxisme et subit des pressions. Finalement Buñuel est contraint de s'exiler au Mexique.
En 1947, alors qu’il est au Mexique, Buñuel reprend sa carrière de réalisateur. « Los Olvidados » présentée à Cannes, est une œuvre remarquable. « El » et « Archibald de la Cruz », ses meilleurs films mexicains sont plein de références à Sade, à la religion, à la bourgeoisie. « Nazarin » marque l'apogée de sa période mexicaine.
Buñuel se voit proposer un tournage en Europe, il s'agit de « Virdiana », qui obtient une palme d'or, mais surtout provoque de gros remous politiques, diplomatiques et religieux. Le régime de Franco, après avoir permis le tournage et accepté que le film représente l'Espagne au Festival, finit par l’interdire complètement.
Suivent « L'ange exterminateur », « Le journal d'une femme de chambre » et son dernier film mexicain, le surprenant « Simon du désert ».
Buñuel vient régulièrement tourner en France, en particulier avec Jean-Claude Carrière. Ses films sont toujours aussi puissants et en lutte contre la bourgeoisie dominatrice : « La voie lactée », « Belle de jour », « Tristana ».
Il reçoit l'oscar du meilleur film étranger pour "Le charme discret de la bourgeoisie" et choisit d'arrêter sa carrière de réalisateur en 1976 avec « Cet obscur objet du désir ».


Las Hurdes « Terre sans pain » (1932)
Espagne, 1932, Noir et Blanc, 40 minutes
Photo : Eli Lotar.
Production : Ramón Acin.

Cet essai cinématographique de géographie humaine a été tourné en 1932, peu de temps après l'avènement de la République espagnole. De l'avis des géographes et des voyageurs, la contrée appelée Las Hurdes, est une région stérile et inhospitalière, où l'homme est obligé de lutter, heure par heure, pour sa subsistance. Jusqu'en 1922, année où la première route y fut tracée, Las Hurdes était presque inconnu du reste du monde et même des habitants de l'Espagne...

Atli Ingólfsson, compositeur (Islande, 1962)
Il suit des études en guitare classique, théorie, composition, et philosophie (Conservatoire de Reykjavík, Université d'Islande) et publie un livre de poésie, avant de poursuivre ses études de composition au Conservatoire de Milan avec Davide Anzaghi.  En 1988 il suit le cours d'été tenu par Franco Donatoni à l'Accademia Chigiana de Sienne, et se rend à Paris pour étudier avec Gérard Grisey et travailler ensuite comme son assistant. À Paris il a également suivi les séminaires d'analyse tenus à l'IRCAM, et les cours de Betsy Jolas et de Claude Ballif au Conservatoire National Supérieur. À présent il demeure à Bologne où il s'adonne exclusivement à la composition.
Les oeuvres de Atli Ingólfsson – sont programmées dans de nombreux festivals, entre autres : Gaudeamus, Amsterdam, Musica nelle Ville, Varese, La Giovane Musica Europea, Milan, Avanti, Présences de Radio France, festival ISCM à Stockholm… Ses oeuvres ont été jouées par des ensembles tels que L’Ensemble InterContemporain, Le Quatuor Arditti, Ensemble Caput, Ensemble L’Itinéraire…
Le comité de lecture de l'IRCAM 1992 lui a assigné une commande de l'IRCAM et de l'Ensemble Intercontemporain (Envoi, créé en 1995).  L'Ensemble Itinéraire lui a assigné une commande pour le festival Présences 1996 (La métrique du cri, créé en 1996).
Ses oeuvres sont publiées par les éditions BMG Ricordi à Milan.

Play and destroy (2005)
Pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano, percussion, électronique et vidéo.
Assistant musical : Frédéric Voisin
Plasticien : Simone Belloti - Vidéaste : Lino Greco
Création mondiale – Production CIRM

Le projet pose le problème de la pertinence poétique des sons électroniques dans la musique d'aujourd’hui. Le point de départ de la pièce - et la source du matériau électronique - est une sculpture d’un artiste, réalisée en collaboration avec le compositeur, qui lorsqu’elle est détruite, émet des sons très variés. L’enregistrement de ces sons fera l’objet d’une performance visuelle reprise en vidéo. Cette vidéo va accompagner le début de la pièce et les sons seront ensuite mis en forme, intégrés, commentés, contrastés ou cachés par les instruments de l’ensemble. La partie instrumentale a une fonction particulière : les instruments observent et suivent le déploiement de la partie électronique, mais il n’y a pas de recherche d’intégration sonore. Il y reste deux niveaux séparés : une partie électronique d’un côté et les instruments de l’autre. L’électronique est le geste issu du réel (de la vidéo), les instruments une réflexion écrite (codifiée) de ce geste.
Le titre rappelle ce rapport entre les deux niveaux : ce qui pour l’un est jeu (play) devient pour l’autre destruction (destroy). L’objet réel (électronique) est détruit par la réflexion (instruments) et la formalisation structurée (instruments) est à son tour reniée par le réel (électronique). Mais ceci peut se réaliser de différentes façons, avec plus ou moins de tensions, plus ou moins de rapprochements entre les deux et c’est là où entre en jeu (et destruction…) la trame compositionnelle.
« Play and destroy est un véritable défit, il m’aide à découvrir de nombreux nouveaux aspects de mon écriture ».
Atli ingólfsson

François Paris, compositeur (Valenciennes, 1961)
François Paris étudie parallèlement la direction d’orchestre et la composition. Cet élève d’Ivo Malec, de Betsy Jolas et de Gérard Grisey ne tarde pas à être remarqué à sa sortie du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris : Luciano Berio le distingue en 1993 comme lauréat du concours International de Besançon. Cette même année, il reçoit une commande du comité de lecture de l’IRCAM et est nommé pensionnaire à l’Académie de France à Rome (Villa Médicis) où il réside de 1993 à 1995. De retour d’Italie, il obtient son CA de Professeur chargé de direction et il est en 1999 lauréat du concours Villa Médicis hors les murs de l’AFAA (séjourne à ce titre dans les Asturies en Espagne) avant de recevoir le prix Claude Arrieu de la SACEM en 2001.
Pédagogue, il enseigne régulièrement dans diverses institutions en France comme à l’étranger. En 2004, il a été nommé professeur honoraire de composition à Capital Normal University  (Pékin). Après avoir été pendant trois ans directeur de la musique pour la ville de Sarcelles il est aujourd’hui le directeur du CIRM (Centre National de Création Musicale) et du Festival MANCA à Nice.
Ses œuvres ont fait l’objet de commandes de diverses institutions nationales et internationales, elles sont éditées principalement par les éditions Ricordi. Elles sont diffusées régulièrement tant en France qu’à l’étranger.

À propos de Nice
Musique sur le film À propos de Nice de Jean Vigo
Pour flûte, clarinette, quatuor à cordes, piano et percussion.

Le ciné-concert A propos de Nice a été créé au Centre Georges Pompidou le 26 avril 2005 grâce au soutien de LA C.C.A.S., de la Sacem et de la Ville de Paris.


« J’aborde depuis toujours avec beaucoup de prudence et d’humilité la question de la pluridisciplinarité en matière de création : chaque créateur, quelle que soit sa discipline, possède son propre langage, ses propres mécanismes intérieurs qui orientent le discours d’une manière souterraine toujours difficile à percevoir. Cette difficulté est encore renforcée par l’utilisation d’outils perceptifs propres à chaque langage artistique. S’il est possible pour un compositeur de comprendre le propos d’un film et d’en faire spontanément une interprétation subjective, il est moins aisé de comprendre et d’interpréter sa forme organique ainsi que les enjeux intérieurs qui ont poussé le réalisateur à faire tel ou tel choix. Il me faut donc ici d’emblée préciser que tout ce que j’ai écrit à propos du travail de Vigo n’est constitué que par ma lecture de musicien et n’est en aucun cas le fruit d’une quelconque compétence technique cinématographique et encore moins le résultat d’une tentative de commentaire objectif.
Si ce n’est un commentaire, serait-ce un dialogue ?
La situation idéale pour dialoguer résiderait dans la construction simultanée du propos cinématographique et du propos musical : il s’agirait par exemple de couper ou d’allonger une séquence musicale ou, a contrario, de modifier le montage des images pour l’adapter à une phrase musicale. Dans le cas  d’ « À propos de Nice », je me suis senti invité à un dialogue imaginaire avec Vigo.
D’autre part, j’ai d’emblée décidé de ne pas « coller » systématiquement à l’image pour ne pas être redondant quant au propos du cinéaste.
La partition peut d’ailleurs être jouée indépendamment du film. L’établissement d’un dialogue ne suppose-t-il pas la présence de deux propos cohérents ?
Le rapport à l’image a donc été conçu pour être le plus souple possible ; pas question d’imaginer un « clic » dans l’oreille du chef, de multiplier les indications de time code ou de contraindre la respiration des phrases musicales par des indications de tempo ou de métrique trop contraignantes. Pour garder au propos musical la souplesse du dialogue, il est fondamental d’en limiter au maximum d’éventuelles raideurs qui n’appartiendraient pas au strict propos musical.
Dans ce contexte, je considère, pour une telle entreprise, le rôle du chef d’orchestre comme fondamental. Interprète au sens large, c’est à son sens musical conjugué à sa compréhension du film qu’il est largement fait appel. C’est au chef de trouver l’équilibre du dialogue, et donc concrètement d’adapter sa direction au rythme propre du film tout en conservant son adaptation plus traditionnelle du discours musical aux conditions du concert (acoustique de la salle, musiciens, etc.). Par analogie, je dirais que nous sommes dans un cadre lyrique et non dans le cadre d’une œuvre instrumentale avec bande.
Il y a presque soixante-dix ans de décalage entre la réalisation  d’ « À propos de Nice » et l’écriture de ma partition. Cette distance des âges ne me pose aucun problème, tant le propos du cinéaste semble à maints égards toujours d’actualité. Je voudrais pour finir faire état de ce qui a été ma préoccupation constante durant l’écriture : j’espère n’avoir jamais dévié du propos du cinéaste pour l’amoindrir, l’assouplir ou le rendre plus accessible. Cela aurait été à la fois réduire la portée et nier l’intemporalité du propos même de Jean Vigo ; cela aurait constitué une véritable trahison. Le reste est affaire de dialogue fondé sur des subjectivités. Ce dialogue sur lequel j’insiste tant, je l’espère constructif et complice.
François Paris

Jean Vigo, cinéaste (1905-1934)
Jean Vigo a 12 ans au moment de la mort mystérieuse de son père, Miguel Almereyda. Celui-ci, d'abord anarchiste, puis membre du Parti socialiste, se trouve, en 1917 mêlé à un scandale politique, militaire et financier et accusé d'espionnage pour le compte des Allemands. À peine emprisonné, il est retrouvé pendu dans sa cellule à Fresnes. Jean Vigo travaillera longtemps à la réhabilitation de ce père tant admiré. En attendant, « fils de traître », Jean doit changer d'école et d'identité. Envoyé comme pensionnaire à Nîmes, puis inscrit sous le nom de Jean Salles au collège de Miliau, l'enfant devient « un gosse pâle, chétif et taciturne ». Mais il tient son journal (non sans humour) et, loin de sa mère restée à Paris, trouve du réconfort auprès d'un couple âgé habitant Montpellier, les Aubes, parents éloignés ayant demandé sa garde. En 1922, il reprend son nom de Vigo et achève sa scolarité (dans un lycée de Chartres). A partir de 1926, son état pulmonaire le contraint à séjourner dans le sanatorium de Font-Rorneu, dans les Pyrénées orientales. Il y rencontre l'écrivain et éditeur Claude Aveline, ainsi que la fille d'un industriel polonais, la lumineuse Elisabeth Lozinska, dite Lydu, comme lui de santé précaire, qu'il épouse en 1929 et dont il aura une fille (Luce, dite Vigoto) en 1931.
Vigo et sa « bande »
Grâce au soutien de quelques réalisateurs bienveillants, le jeune homme fait ses débuts au cinéma dans les studios de la Victorine, à Nice, et commence à constituer, au gré des rencontres, sa « bande » de cinéma, l'indéfectible équipe de ses techniciens et amis. En 1930, au théâtre du Vieux-Colombier, Jean Vigo lit son texte-programme intitulé « Vers un cinéma social » et présente le sulfureux « point de vue documenté » sur le carnaval qu'il a réussi à co-réaliser avec Boris Kaufman, son chef-opérateur (A propos de Nice, court métrage muet). « Et le but sera atteint si l'on parvient à révéler la raison cachée d'un geste, à extraire d'une personne banale et de hasard sa beauté intérieure ou sa caricature. (...) Ce documentaire social devra nous dessiller les yeux. » A Nice, Vigo fonde également Les Amis du Cinéma, « ciné-club d'avant-garde dont le but est de servir le cinéma d'évolution ». A la demande de Germaine Dulac, Vigo réalise en 1931 pour la nouvelle Gaumont-Franco-Film-Aubert (GFFA) un film documentaire, « Taris ou la natation ». « Surtout, écrit-il à cette époque à Francis Jourdain, je désire avec force apprendre le métier - et au plus vite - une petite place d'assis- tant opérateur, s'il vous plaît. Ah ! quelle joie, et soit dit sans ironie, que d'astiquer un appareil, de le porter, etc. Mais je ramasserai le crottin des stars (de halage ?) pour noter sur mon calepin une question technique nouvelle pour moi».
La rencontre avec Nounez
Les Vigo quittent Nice et s'installent à Paris. A force de patience et de ténacité, grâce à la rencontre de Jacques Louis-Nounez, un producteur novice mais enthousiaste, Vigo réalise (mars 1933) « Zéro de conduite », histoire d'une révolte de collégiens dans un pensionnat. Interdit par la censure, le moyen métrage ne sera vu qu'en ciné-clubs jusqu'en 1945. Le prochain sujet proposé par Nounez à Vigo est alors « L'Atalante », gentil scénario non subversif sur la vie des mariniers. Vigo le retravaille et le métamorphose ; ce sera son premier et dernier long métrage. Le tournage (novembre 1933-février 1934) doit affronter un rude hiver qui modifie toutes les prévisions et finit par altérer la santé du cinéaste. Gaumont demande de nombreuses coupes et Nounez, devant les menaces d'échec public, doit céder, malgré sa fidélité au réalisateur. Le film, défiguré, sort en 1934 sous le titre « Le Chaland qui passe ». Jean Vigo meurt d'une septicémie, à 29 ans (octobre 1934), suivi par Lydu en avril 1939. Le film est un échec public. Il ressort sous le titre de « L'Atalante » seulement en 1940.


A propos de Nice (1929), film
Noir et blanc 23 minutes
Réalisation de Jean Vigo et Boris Kaufman - Scénario de Jean Vigo
Prises de vues de Boris Kaufman

Ciel bleu, maisons blanches, mer éblouie, soleil, fleurs multicolores, cœur en liesse, telle apparaît d'abord l'ambiance niçoise. Mais ce n'est là que l'apparence éphémère, que la mort guette, d'une ville de plaisirs…


Programme imprimé en octobre 2005

Pour en savoir plus :
Site de Simone Bellotti : http://www.simonebellotti.com />

CIRM, Centre National de Création Musicale
33 avenue Jean Médecin, 06000 Nice
04 93 88 74 68 - Fax 04 93 16 07 66
Email : info@cirm-manca.org

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