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Actualité du Jeudi 16 Novembre 2006 à 20h30

CONCERT MANCA 2006 - Ensemble Apostrophe

Jeudi 16 novembre 2006
Au Théâtre Francis Gag


ENSEMBLE APOSTROPHE
Hélène BOUCHEZ, direction
Mary SAINT-PALAIS, soprano – Robert Waechter, violon
Jean-Marie Marillier, contrebasse
Philippe Serra, timballes

Yan MARESZ  Entrelacs (1998) 12’
Pour flûte, clarinette basse, violoncelle, contrebasse, vibraphone et piano
    
Jean-Luc HERVE   En découverte (2003)  9’
Pour 2 violons et électronique
Assistant musical, Frédéric Voisin
Production CIRM
 
Elliott CARTER  Saëta – Improvisation – Canaries  9’
Pour timbales

Ivo MALEC  Saturnalia (1996) 14’
    Pour contrebasse solo
 
Suzanne GIRAUD  Envoûtement VII (2005) 16’
Pour soprano, hautbois, basson, trompette, violoncelle, contrebasse et alto
            
Fin du spectacle : 22h00

Technique CIRM-ingénieur du son, Nicolas Déflache

En partenariat avec l’Orchestre Philharmonique de Nice


Depuis plusieurs années maintenant, sous l’impulsion de Marco Guidarini, directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Nice, l’ensemble « Apostrophe » poursuit son exploration du répertoire contemporain. En association avec le festival MANCA, c’est la musique la plus récente qui est présentée ici. Le public du festival se souviendra de la création mondiale du concerto pour violoncelle d’Ivo Malec donnée par l’Orchestre de Nice au festival 2003 et découvrira « Saturnalia » pour contrebasse solo. Il découvrira par ailleurs l’œuvre de Jean Luc Hervé « En découverte », extrait d’une production aux dimensions plus larges « effet lisière » créée à Kyoto en 2002 et produite dans les studios du CIRM.

Ensemble Apostrophe
 
Souhaité dès l’arrivée de Marco Guidarini à la direction du Philharmonique de Nice, l’ensemble Apostrophe se consacre à la création contemporaine et à la musique du XXe siècle, en collaboration avec les compositeurs actuels et des chefs ou solistes, spécialisés. Il peut également se produire sans chef, sous la responsabilité de ses solistes, dont plusieurs manifestent un goût prononcé pour la musique de leur temps. Cet ensemble souhaite montrer que la musique contemporaine n’est pas qu’affaire de créations, mais déjà de répertoire en proposant dans ses programmes les «classiques» du XXe siècle (école de Vienne, Stravinsky, Varèse…)
Constitué à l’origine d’un quintette à cordes, d’un quintette à vent, plus piano et percussions, l’effectif d’Apostrophe varie au gré des répertoires abordés.
Dans l’esprit qui préside à sa création, cette formation travaille avec le Centre International de Recherche Musicale, basé à Nice. Apostrophe et le CIRM ont créé au festival de Manca 2004 des oeuvres de Romitelli, Dead City Radio, de Shuya Xu, Le mirage de Lamu, de Giovani Verrando, Agile.
L’ensemble est en résidence au musée national Message Biblique Marc Chagall où il assure une saison musicale de quatre concerts.
En juillet 2005, Apostrophe, était l’un des invités du festival de Radio France  Montpellier, sous la direction de Daniel Kawka.
La saison 2005-2006 a été tout particulièrement marquée par la venue de trois compositeurs reconnus, venus diriger une de leurs propres œuvres : Gilbert Amy (Le temps du souffle III),  Oscar Strasnoy (Bloc-Notes de Midea, 5) et Gérard Gastinel pour la création mondiale de ses Cinq leçons de ténèbres. Apostrophe a joué en mars, sous la direction de Mark Foster.
L’ensemble a récemment assuré l’accompagnement musical de « La nuit des musées », au musée Marc Chagall.

Extrait du répertoire d’Apostrophe  : Luciano Berio Folksongs ; Maurice Ravel Trois poèmes de Mallarmé ; Arnold Schönberg Kammersymphonie ; Philippe Hurel Figures libres ; François Paris Tic-Tac Parc ; Fausto Romitelli Amok Koma ; Igor Stravinsky Histoire du soldat ; Giovanni Verrando Agile (création) ; Giacinto Scelsi Anahit ; Hugues Dufourt L’origine du monde, pour piano et ensemble ; Thierry Blondeau Gezeiten pour dix instruments ; Richard Dubugnon Mikroncerto pour accordéon solo, caisse claire solo et orchestre de chambre opus 26 (2000) ; Dominique Lemaître Pour traverser le temps je t’ai donné des ailes pour 15 instruments ; Pascal Dusapin
Coda ; Moritz Eggert Pong…


Hélène Bouchez direction
Après une enfance vécue en Norvège, Hélène Bouchez est initiée à la musique et au piano par deux pédagogues américains, Curtis Stotlar et Perry Johnson. Sa vocation musicale se réalise à travers la direction d’orchestre, le piano et la musique de chambre. Hélène Bouchez s’est produite en concert dans ces différents domaines, notamment au Teatro dei Rinnovati avec l’Orchestre Symphonique de Sofia à Sienne, en Bosnie avec l’Orchestre Philharmonique de Sarajevo, avec l’Orchestre Symphonique de Szombathely (Festival Bartok, Hongrie), avec l’ Atelier XX° siècle du C.N.S.M.D de Lyon, avec le New Japan Philharmonic (concours de Tokyo), avec l’Orchestre National de Lyon (master-class David Robertson), l’Orchestre Symphonique de Vichy (Opéra de Vichy), salle Cortot à Paris, Auditorium Ravel, Auditorium Varèse, Salle Rameau (Lyon), Sumida Triphony Hall (Tokyo). La saison prochaine, elle est invitée à l’Orchestre National d’Ile-de-France, l’Orchestre de Picardie, l’Orchestre Symphonique de Vichy. Par ailleurs, Hélène Bouchez a été responsable de l’Orchestre Symphonique de l’Université Claude Bernard de Lyon, et a partagé la direction de l’Orchestre Symphonique de Lyon et de l’Orchestre Symphonique Lyon-Villeurbanne. Finaliste et lauréate du Concours International de direction d’orchestre de Tokyo en 2003, Hélène Bouchez a été récompensée par une dotation du « Min-On Association Concert ». Lauréate du concours du Tanglewood Music Center (Boston Symphony Orchestra), elle est invitée l’été 2004 deux mois en résidence. Hélène Bouchez a fait ses études au C.N.S.M.D. de Lyon où elle a obtenu le Diplôme National d’Etudes Supérieures, mention très bien à l’unanimité, dans la classe de Eric Heidsieck puis Roger Muraro. Au C.N.S.M.D de Paris et en master-classes, elle a reçu les enseignements de Peter Gülke, Pascal Rophé, Gianluigi Gelmet, etc. Elle a reçu une formation littéraire Hypokhâgne & Khâgne au lycée Fénelon à Paris, et universitaire à la Sorbonne (titulaire d’une Maîtrise de musicologie).


Mary Saint-Palais
soprano
Après des études de chant au Conservatoire National  Supérieur de Paris, Mary Saint-Palais se perfectionne au Centre de Musique Baroque de Versailles. Elle est alors engagée par William Christie : L’Amour dans Hippolyte et Aricie (Rameau) à Londres et La Haye, Colette des Amours de Ragonde (Mouret) au festival de Glasgow ou La Crétoise dans Idoménée (Campra) au Théâtre du Châtelet. Elle enregistre à Cologne Les Troqueurs (Dauvergne). Dès lors invitée sur les scènes lyriques, elle interprète les rôles de Papagena, la première Dame de Die Zauberflôte, Suzanne des Nozze di Figaro, Ninetta dans La Finta Semplice (Mozart) à l’Opéra de Nantes, Liège, Toulon.  A l’opéra de Marseille, puis Budapest, elle est Yniold dans Pelléas et Mélisande (Debussy) avant d’interpréter le rôle titre du Rossignol (Stravinsky) à l’opéra de Rouen ou celui de Sœur Constance des Dialogues des Carmélites (Poulenc). Elle participe à la production de Re in Ascolto (Berio) à l’Opéra de Genève et de Franfort, puis à la création du Vase de parfums de Suzanne Giraud, sous la direction de Daniel Kawka, à l’opéra de Nantes, théâtre de la Ville et opéra de Lausanne. On peut également l’entendre dans le répertoire léger : La Vie Parisienne (Offenbach) à Tours, Le Petit Ramoneur (Britten) à L’opéra Comique ou  Princesse Czardas (Kalman) au Théâtre du Capitole de Toulouse. Parallèlement à ses activités scéniques, Mary Saint-Palais se produit régulièrement en concert et se consacre à l’enseignement du chant.



Yan Maresz compositeur (Monaco, 1966)
Yan Maresz commence ses études musicales par le piano et la percussion dans sa ville natale, puis se consacre à la guitare jazz en autodidacte jusqu’à sa rencontre avec John Mc Laughlin, dont il a été le seul élève puis le principal orchestrateur et arrangeur. Il étudie le jazz au Berklee College of Music de Boston de 1984 à 1986, et s’oriente progressivement vers la composition qu’il étudie avec David Diamond à la Juilliard School de New York de 1987 à 1992 avec une bourse de la fondation Princesse Grâce de Monaco. En 1994, il suit le Cursus de composition et d’informatique musicale de l’Ircam où il suit les cours de Tristan Murail, et à l’issue duquel il écrit Metallics, pour trompette solo et dispositif électronique en temps réel, oeuvre sélectionnée en 1997 par l’International Rostrum of Composers de l’Unesco. Il obtient divers prix et récompenses, notamment, du concours de la Ville de Trieste (1991), le prix Rossini de l’Académie des beaux-arts (1994) et le prix Hervé Dugardin de la Sacem (1995). De 1995 à 1997, il est pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Villa Médicis, et en 2004, il est lauréat de la résidence de l’Europaïsches Kolleg der Künste à Berlin. En 2003 et 2004, il a été compositeur en résidence au conservatoire de Strasbourg en relation avec le festival Musica et en 2004/2005, il est visiting professor à l'université McGill de Montréal. Il collabore aussi régulièrement avec l’Ircam en tant que professeur invité, compositeur en recherche, conférencier et donne régulièrement des master-classes en Europe et aux Etats-Unis. Il reçoit de nombreuses commandes et ses oeuvres sont régulièrement interprétées dans le cadre des grands festivals internationaux ainsi que par de nombreuses formations. Un CD monographique de ses oeuvres, interprétées par l'Ensemble Intercontemporain dirigé par Jonathan Nott, est disponible sous le label Accord/Universal. Ses oeuvres sont publiées aux Editions Durand.

Entrelacs (1998)
Pour flûte, clarinette basse, violoncelle, contrebasse, vibraphone, piano.
Commande de l’ensemble Intercontemporain
Au-delà des motifs décoratifs aux figures géométriques régulières, les entrelacs figuraient souvent dans l’art ancien l’ondulation et le chevauchement des vagues ou la vibration de l’air. Plus récemment, ils schématisent les connections et interactions complexes d’un niveau de réalité inaccessible à nos sens (réseau de communication, neurobiologie, physique des particules). Ils évoqueront aussi l’union d’éléments indépendants cohabitant harmonieusement. C’est pourquoi le titre de cette pièce ne désigne pas objectivement un résultat musical, un quelconque procédé d’écriture, et moins encore, une préoccupation de nature ornementale; la puissance d’évocation symbolique et le vaste potentiel de représentation schématique que ce terme recouvre lui donnent une autre dimension, porteuse d’une certaine poétique ondulatoire au service de l’imaginaire et de sa matérialisation. L’unification et l’homogénéité des timbres dans un discours souvent monodique (ou plutôt collectif…), renforce l’aspect linéaire de l’écriture d’Entrelacs. Dans cette pièce, la ligne, animée d’une pulsation interne, est considérée comme un vecteur. Entité dynamique, élastique, elle déroule de sinueuses symétries, subissant torsions et étirements jusqu’à la cassure, où elle se prête volontiers à des chorégraphies éphémères. La ligne est aussi le trait réel ou imaginaire séparant les choses ; elle devient alors une limite, une frontière. De cette notion découle une évolution formelle où les contrastes et les changements abrupts de directions constituant les différentes parties de la pièce sont autant de moyens de retrouver le chemin initial.


Jean-Luc Hervé compositeur (1960)
Il fait ses études au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris où sa rencontre avec Gérard Grisey sera déterminante. Il y obtient un premier prix de composition. Sa thèse de doctorat d'esthétique ainsi qu'une recherche menée à l'IRCAM seront l'occasion d'une réflexion théorique sur son travail de compositeur, sa résidence à la Villa Kujoyama de Kyoto un grand choc esthétique et un tournant décisif dans son œuvre. Sa pièce pour orchestre Ciels a obtenu le prix Goffredo Petrassi en 1997. En 2003 il est invité en résidence à Berlin par le DAAD.

En découverte (2003)
Production CIRM (extrait de "Effet lisière")
Pour deux violons, électronique et vidéo (de Natacha Nizic)
Lors de mon séjour à Kyoto en 2001, j’ai été frappé par la relation qu’entretiennent au Japon l’art et la nature, et plus particulièrement la manière dont les architectures très construites des jardins sont conçues par rapport à leurs environnements naturels. En découverte découle de cette expérience japonaise. La pièce propose un parcours métaphorique de l’extérieur vers l’intérieur, des sons de la nature vers les sons de l’instrument : l’écriture des violons qui prend au début le chant du rossignol japonais (uguisu) pour modèle se transforme peu à peu et utilise à la fin des gestes typiques de la littérature de violon. La morphologie d’un autre chant d’oiseau entendu au japon, qui est caractérisée par la déformation d’un motif par répétition et transposition vers le grave, sert de modèle à la seconde partie de la pièce. Cette idée apparaît clairement dans la partie électronique qui répète les phrases des violons en les transposant lentement vers le grave. La partie électronique à été réalisée au CIRM (Nice), avec comme assistant musical Frédéric Voisin.


Elliott Carter (New York, 1908)
Elliott Carter étudie la littérature anglaise et la musique à l'université de Harvard. De 1932 à 1935, il travaille avec Nadia Boulanger à l'Ecole normale de musique à Paris. De 1936 à 1940, Carter est directeur musical des ballets Caravan, puis il enseigne à St John's College dans le Maryland. Il enseigne notamment à la Columbia University et à la Julliard School of Music. A partir de 1937, il publie de nombreux articles sur la musique, écrivant notamment des chroniques sur la vie musicale américaine dans la revue Modern Music, ainsi que des essais sur différents compositeurs Ives, Stravinsky, Piston, etc.), sur sa propre musique, sur le jazz, la musique de film, l'opéra ou la situation du compositeur dans la société contemporaine. Il s'est essentiellement consacré à la composition à partir des années 50, recevant de très nombreux prix pour son oeuvre. Les orchestres les plus renommés et les plus grands solistes, de même que de nombreux ensembles de musique de chambre, lui ont commandé des partitions. Carter a abordé les différents genres de la composition, à l'exception toutefois de la musique religieuse et de l'opéra. Mais la plupart de ses oeuvres instrumentales, de même que ses trois cycles vocaux, comportent une dimension «opératique» sous-jacente. Carter doit sa vocation musicale à son intérêt pour la musique moderne dans les années 20, lié à une curiosité sans fin pour toutes les manifestations artistiques nouvelles. Sa rencontre avec Ives, qui l'encourage à devenir compositeur, est décisive. Dans les années 30, sous la pression des événements politiques et sous l'influence de l'enseignement de Nadia Boulanger, Carter se rapproche du style néoclassique. Ce n'est qu'à la fin des années 40 qu'il parvient à trouver son propre langage, fondé sur le sens de la continuité et sur l'individualisation des différentes couches de la composition. Ecrivant une musique exigeante, loin du style américanisant d'un Copland ou d'un Bernstein, mais loin aussi de l'expérience sérielle, qu'il juge à certains égards sévèrement, Carter a construit son oeuvre avec une certaine lenteur et dans un grand esprit d'indépendance. Homme d'une immense culture, il a réalisé une synthèse entre les diverses tendances de la musique de ce siècle et entre des conceptions musicales appartenant à des époques ou à des cultures très différentes.  
Philippe Albera

Saëta – Improvisation – Canaries (1949)
Pour timbales
Saëta, improvisation et Canaries » font partie d’un ensemble de huit pièces pour quatre timbales. Les six premières - Saëta, Moto perpetuo, Récitatif, Improvisation, Canaries et March – furent écrites en 1949, les deux autres, « Le Canto et l’Adagio », datent de 1966.
« Les six pièces de 1949 sont non seulement des solos de virtuose pour l'instrumentiste mais aussi des études sur ce que l'on nomme maintenant «modulation métrique». J'ai développé plus avant ces idées dans mon premier Quatuor à cordes entrepris à la même époque et terminé peu après.
Il s'agit d'une anthologie de pièces pour timbales, et non d'une suite. Il faut en choisir quatre au maximum afin de constituer une version de concert.
« Saëta » C'est une chanson andalouse improvisée qui se chante pendant les processions religieuses, en particulier à Pâques : on dit qu'elle vient des anciens rites pour la pluie où l'on tirait une flèche (saïta) en direction des nuages pour faire venir la pluie. L'oeuvre a donc un caractère rituel et quelque peu improvisé. Le rythme y apparaît dans une accélération graduelle tout au long de la pièce. »
D'après Elliott Carter (Programme du Festival Archipel 1992, 28 mars, Genève)


Ivo Malec compositeur (Zagreb, 1925)
Ivo Malec fait des études musicales et universitaires à Zagreb. Installé à Paris depuis 1959 ; il y est par la suite naturalisé français. Membre du Groupe de Recherches Musicales depuis sa création, il a produit un nombre considérable de concerts et manifestations musicales et, notamment, le Cycle acousmatique devenu Multiphonies. Professeur de composition au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris de 1972 à 1990, Ivo Malec a contribué à former une pléiade de jeunes compositeurs appartenant à la nouvelle génération de la musique française. Il a également donné des master classes en France et à l’étranger (Argentine, Canada, Chine, Croatie, Japon, etc…). Compositeur de très nombreuses œuvres touchant à tous les genres et techniques, allant de l’orchestre aux ensembles instrumentaux et vocaux, de la scène à la musique électroacoustiques (concrète, analogique et numérique), il a été particulièrement attiré par les musiques mixtes sans oublier les instruments solo. Ainsi, il « réussit la synthèse entre la musique traditionnelle et la technique électroacoustique ». Joué en France et à l’étranger, Ivo Malec a eu les honneurs de la Philharmonie de Berlin, de l’Orchestre National de France, de l’Orchestre Philharmonique de Radio France ainsi que d’autres grands orchestres français, allemands, japonais, suisses, italiens, croates et autres, sans parler d’innombrables ensembles musicaux de par le monde et des différents orchestres de haut-parleurs, dont le prestigieux « Acousmonium » du GRM. Invité en tant que compositeur dans de nombreux festivals, il y a souvent défendu la musique contemporaine également en tant que chef d’orchestre. Commandeur des Arts et Lettres, il est lauréat de cinq Grands Prix du disque, du Grand Prix de la SACEM, du Grand Prix National de la Musique 1992 et de l’Ordre National du Mérite.

Saturnalia (1996)
Pour contrebasse solo
La source de cette pièce se trouve dans mon concerto pour contrebasse et grand orchestre Ottava bassa (1984). Compte tenu de son dispositif orchestral particulièrement important, il me semblait légitime d’essayer de « sortir » la partie de contrebasse de son vaste cadre originel afin de lui permettre d’exister et vivre indépendamment dans une pièce écrite pour l’instrument solo. Le travail en était entrepris en 1996 et consistait tout d’abord à choisir les parties les plus significatives et en même temps susceptibles de se soumettre musicalement et formellement aux exigences spécifiques d’une œuvre pour instrument seul. Ensuite, à partir de ces données de base, tout devait être recomposé, soit par éliminations partielles soit par l’écriture de nouveaux fragments et surtout par un nouvel ordonnancement formel. La pièce est très difficile à jouer et demande au soliste de grands efforts sur le plan technique et celui de la recherche sonore. Le travail préparatoire m’a convaincu que, contrairement aux idées reçues, la contrebasse ne sonne pas que par sa corde la plus aiguë – et que par conséquent elle offre un spectre grave magnifique – ensuite que c’est un instrument extrêmement agile et véloce et enfin, que dans son volume imposant, elle cache des ressources sonores inédites, inouïes et souvent très raffinées. Quant au titre, je me suis inspiré de la notice qui accompagnait la création d’Ottava bassa où j’écrivais que les cadences étaient des « saturnales de la forme ».
Ivo Malec



Suzanne Giraud compositeur (Metz, 1958)
Suzanne GIRAUD est née à Metz, mais c’est à Strasbourg qu’elle accomplit toutes ses études, des classes primaires jusqu’à l’Université ainsi que ses études musicales. C’est au Conservatoire de Strasbourg qu’elle étudie le piano, le violon, l’alto et l'écriture musicale avant d’entrer au Conservatoire de Paris, d'où elle ressort diplômée en harmonie, contrepoint, composition, analyse, orchestration et direction d’orchestre. S’affirme alors sa vocation pour la composition qu’elle travaille à Paris avec Claude Ballif, Hugues Dufourt et Tristan Murail, puis à l'Accademia Chigiana de Sienne, avec Franco Donatoni et aux cours d’été de Darmstadt avec Brian Ferneyhough. Parallèlement, elle suit différentes formations à la musique électronique. A la faveur de son séjour de deux années à la Villa Médicis (1984-86), elle se lie d’amitié avec Giacinto Scelsi (rencontré dès 1982) qui lui transmet ses idées sur la nature mystique de la musique au sein d’une conception de l’univers influencée par l’Orient. De retour en France, elle se voit attribuer plusieurs prix et récompenses : Prix Georges Enesco de la SACEM, Prix Georges Bizet, de l'Académie des Beaux-arts, sélection de la Tribune Internationale de l'UNESCO, deux sélections de la SIMC (Budapest 1986 et Manchester 1998). Elle reçoit également d'importantes commandes : de l'Ensemble Intercontemporain, de Radio-France, de l'Etat, de Musique Nouvelle en Liberté, du festival Musica de Strasbourg, du festival de Dresde, du festival Ars Musica de Bruxelles et est invitée à Londres (Théâtre Almeida), à la Haye (Orchestre de la Résidence), à Genève, Lausanne, Darmstadt, Cardiff, Sarrebruck, Dresde et Salzbourg ainsi que dans de nombreux festivals et saisons partout en France et au-delà. Très familière des instruments à cordes et fascinée par les instruments de percussion, elle écrit Envoûtements IV pour le quatuor Arditti en 1997 et reçoit la commande, à moins d’un an d’intervalle, de deux œuvres pour les Percussions de Strasbourg : Envoûtements VI et Au commencement était le Verbe, (cette dernière pour 12 voix et 6 percussions). Son deuxième opéra, Le vase de Parfums écrit sur un livret d’Olivier PY fait partie des spectacles les plus remarqués dans toute la France et au-delà , en Suisse notamment, au cours de la saison 2004-2005. Dans ses réalisations récentes figure un concerto pour violoncelle et orchestre qui a été interprété à six reprises par Anne Gastinel et l’Orchestre des Pays de Savoie, dirigé par Graziella Contratto.

Envoûtement VII (2005)
Pour soprano, hautbois, basson, trompette, violoncelle, contrebasse et alto
Les Envoûtements VII ont été achevés le 13 janvier 2005. C'est une commande de l'Ensemble Orchestral Contemporain, avec le soutien de la SACEM. Ils font suite aux Envoûtements VI écrits pour Musica et les Percussions de Strasbourg et précèdent les Envoûtements VIII pour octuor de violoncelles. Commencée en 1996, avec les Envoûtements pour violon seul, destinés à Irvine Arditti qui les a joués à plusieurs reprises et enregistrés (un CD MFA Radio France) cette succession d'oeuvres allant de huit à quinze minutes ajoute à son titre le chiffre qui est à la fois celui de l'ordre chronologique de composition et celui du nombre d'interprètes. Ainsi les Envoûtements VII réunissent-ils sept exécutants: une voix de soprano et six instruments - cor anglais, basson, trompette, alto, violoncelle et contrebasse. Le propos s'inscrit dans une spirale, celle d'une architecture en élans, doublée ici d'une atmosphère d'attente, comme épaissie par endroits, en vertu de la double efficacité du discours instrumental haché de silences et du texte, écrit "sur mesures" en même temps que la musique par Suzanne Giraud elle-même. "La structure si particulière et si absolue que j'ai mise au point pendant près de quinze ans pour arriver aux Envoûtements m'a poussée à aller cette fois-ci jusqu'à l'invention du texte lui-même, nous dit-elle. Un texte qui n'a pas de prétention poétique, ni même créative, en soi, qui est là, avant tout, pour compléter l'ensemble, pour y adjoindre son ambiance et son rythme." Le climat est celui de deux attentes superposées : l'une se serait déroulée dans un passé indéfini et l'autre porterait sur d'incertaines retrouvailles à venir, mais d'où l'espoir semblerait presque aussi absent que la certitude même qu'elles pourraient se produire. Quatre parties enchaînées : modéré, lent, modéré, vif articulent dans une trajectoire en rapport hauteurs, modes de jeu et animation rythmique.

Programme rédigé et imprimé en novembre 2006

CIRM, Centre National de Création Musicale
33 avenue Jean Médecin, 06000 Nice
04 93 88 74 68 - Fax 04 93 16 07 66
Email : info@cirm-manca.org

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