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Actualité du Vendredi 09 Novembre 2001 à 20h30

Le Noir de l'Etoile - CONCERT MANCA 2001

Vendredi 9 novembre 2001
Studios Riviera (Nice)

 

Dans le cadre du Festival MANCA 2001


 

 

LES PERCUSSIONS DE STRASBOURG
 directeur artistique : Jean-Paul Bernard


"Le Noir de l’Etoile"

(1989 - 1990)
pour six percussionnistes disposés autour du public, bande magnétique

et transmission in situ de signaux astronomiques
Gérard GRISEY


60’



Régie générale : Stéphane Cronenberger
Mise en espace sonore : Othon Schneider - Yves Kayser
Lumières : Jean Luc Baechler
Technique CIRM - Centre National de Création Musicale



Les pulsars sont « convoqués » pour cette œuvre aux dimensions imposantes de Gérard Grisey. Six percussionnistes entourent le public et dialoguent avec le son venu des étoiles. Née d’une rencontre entre un compositeur et un astronome, « Le Noir de l’Etoile » est une œuvre significative des préoccupations de Gérard Grisey quant au temps musical.
La percussion s’est imposée pour cette œuvre car, comme les pulsars, elle cerne et mesure le temps. Les Percussions de Strasbourg, pour qui l’œuvre a été écrite, sont les interprètes de ce concert.

Le Noir de l’Etoile(1989-1990)
Pour six percussions disposées autour du public
Le Noir de l’Etoile est dédié à mon fils Raphaël affectueusement et aux Percussions de Strasbourg.

Lorsqu’en 1985, je rencontrai à Berkeley l’astronome et cosmologiste Jo Silk, il me fit découvrir les sons des pulsars. Je fus séduit par ceux du pulsar de Véla et immédiatement, je me demandai à la manière de Picasso ramassant une vieille selle de bicyclette : « Que pourrais-je bien en faire ? ».
La réponse vint lentement : les intégrer dans une œuvre musicale sans les manipuler, les laisser exister simplement comme des points de repère au sein d’une musique qui en serait en quelque sorte l’écrin ou la scène, enfin utiliser leurs fréquences comme tempi et développer les idées de rotation, de périodicité, de ralentissement, d’accélération et de « glitches » que l’étude des pulsars suggère aux astronomes. La percussion s’imposait parce que comme les pulsars, elle est primordiale et implacable, et comme eux cerne et mesure le temps, non sans austérité. Enfin, je décidai de réduire l’instrumentarium aux peaux et métaux à l’exclusion des claviers.
Le Noir de l’Etoile était né ou presque…
Il restait à imaginer un complément lumineux de la partition, à élaborer une scénographie, à convaincre la communauté des astronomes de Nançay de transmettre un pulsar dans une salle de concert, enfin à réunir une équipe qui fût autant que moi passionnée par le projet.
Lorsque la musique parvient à conjurer le temps, elle se trouve investie d’un véritable pouvoir chamanique, celui de nous relier aux forces qui nous entourent. Dans les civilisations passées, les rites lunaires ou solaires avaient une fonction de conjuration. Grâce à eux, les saisons pouvaient revenir et le soleil se lever chaque jour. Qu’en est-il de nos pulsars ? Pourquoi les faire venir ici, aujourd’hui à l’heure où leurs passages dans le ciel boréal les rend accessibles ?
Bien sûr, nous savons ou croyons savoir qu’avec ou sans nous, 0359-54 et le pulsar de Véla continueront leurs rondes interminables et, indifférents, balayeront les espaces intersidéraux de leurs faisceaux d’ondes électro-magnétiques. Mais n’est-ce pas en les piégeant dans un radiotélescope, puis en les intégrant dans un événement culturel et sophistiqué - le concert - qu’ils nous renvoient alors plus que leurs propres chants ?
En effet, le moment du passage d’un pulsar dans le ciel nous astreint à une date précise et en rivant le concert sur cette horloge lointaine, il devient un événement in situ, plus exactement in tempore donc relié aux rythmes cosmiques. Ainsi, les pulsars détermineront non seulement les différents tempi ou pulsations du Noir de l’Etoile, mais également la date et l’heure précise de son exécution.
Musique avec pulsar obligé !
Que l’on n’en déduise pas cependant que je suis un adepte de la musique des Sphères ! Il n’est d’autre Musique des Sphères que la Musique Intérieure.
Celle-là seule pulse encore plus violemment que nos pulsars et oblige de temps à autre un compositeur à rester à l’écoute.
Gérard Grisey



LES PERCUSSIONS DE STRASBOURG
Musiciens :
Jean-Paul Bernard
Claude Ferrier
Bernard Lesage
Keiko Nakamura
François Papirer
Olaf Tzschoppe

En 1961, six jeunes musiciens de formation classique se réunissent autour d’un désir commun : fonder un ensemble à percussion et constituer un répertoire de musique de chambre conçu expressément pour lui. Rapidement, la formation suscite l’écriture d’un répertoire nouveau et se retrouve dédicataire des créations de Messiaen, Serocki, Kabelac, Ohana, Xenakis, Mâche ou Dufourt...
L’instrumentarium des Percussions de Strasbourg s’est enrichi progressivement, voyage après voyage, création après création. Il est aujourd’hui d’une grande variété. Peaux, bois, métaux, accessoires... Chaque matériau appelle une technique de jeu particulière et enrichit l’ensemble de sa caractéristique. Les six musiciens des Percussions de Strasbourg peuvent jouer sur plus de quatre cents instruments à percussion. De leurs échanges avec les compositeurs sont nés des instruments inédits, tel le sixxen, un ensemble instrumental de cent neuf sons métalliques différents conçu pour l’ensemble par Xenakis.
La direction artistique prise aujourd’hui par les héritiers des membres fondateurs des Percussions de Strasbourg s’appuie sur une réflexion autour de cet héritage même. Comment fallait-il poursuivre cette aventure prodigieuse ?
Dans le souci d’inscrire à leur tour une nouvelle histoire de la percussion, les questions affluent : pourquoi un ensemble à percussions et quel est son avenir ? pourquoi six percussionnistes ? quel rôle non seulement musical mais aussi social peut remplir une telle formation ? comment se situer dans le paysage musical d’aujourd’hui et qu’est-il possible d’y apporter de nouveau ? quels risques faut-il prendre ?
Plusieurs éléments de réponses viennent déterminer les choix artistiques. Parmi eux : les créations de jeunes compositeurs (véritable collaboration sous forme de résidence) ; la réinterprétation d’œuvres du répertoire (par un regard nouveau porté sur des œuvres créées par les fondateurs) ; la pluralité et l’éclectisme, qui permettent d’élargir le champ artistique et de se placer dans des situations inhabituelles (échanges avec d’autres ensembles, croisements avec le théâtre, la danse, ...) ; la formation du jeune public et des jeunes musiciens ; une réflexion autour de la forme même du récital de percussions.

Les Percussions de Strasbourg sont soutenues par :
L’Etat, Ministère de la culture et de la communication, Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Alsace
La Ville de Strasbourg
Le Conseil Général du Bas-Rhin


Gérard GRISEY
(Belfort, 1946 - Paris, 1998)

Gérard Grisey mène successivement ses études au Conservatoire de Trossingen en Allemagne (1963-1965), au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (1965-1972) où il suit notamment les cours de composition d'Olivier Messiaen (1968-1972). Parallèlement, il étudie avec Henri Dutilleux à l'Ecole normale supérieure de musique (1968) et assiste aux séminaires de Karlheinz Stockhausen, György Ligeti et Iannis Xenakis à Darmstadt (1972).
Enfin, il s'initie à l'électroacoustique avec Jean-Etienne Marie (1969) et à l'acoustique avec Emile Leip à la Faculté des sciences de Paris (1974).
Boursier de la villa Médicis à Rome de 1972 à 1974, il participe à la création de l'ensemble Itinéraire ; en 1980 il est stagiaire à l'Ircam, puis invité par la DAAD à Berlin.
Gérard Grisey a tenu de nombreux séminaires de composition à Darmstadt, à Freiburg, à l'Ircam, à la Scuola Civica de Milan ainsi que dans diverses universités américaines.
De 1982 à 1986, il enseigne à l'université de Californie de Berkeley. De 1986 à sa mort le 11 novembre 1998, il a été professeur d’orchestration et de composition au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.
Ses œuvres ont été commandées par différentes institutions internationales. On les trouve au programme des festivals, des radios et des plus célèbres formations instrumentales tant en Europe qu'aux Etats-Unis.
Gérard Grisey est le père de la musique spectrale, un des mouvements majeurs de la musique du XXème sièce.
Source : Ircam

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