CIRM : Centre National de Création Musicale UCA
Manca 2022
MANCA
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L'ALIBI DELLA PAROLA

L'alibi della parola de Salvatore SCIARRINO

Année de composition : 1994
Durée : 13.00 minutes

Formation :

Pour 4 voix

Contexte CIRM


Notice :

Quatre textes de différentes époques. En voici les diverses sources : la poésie visuelle contemporaine, le chant de la cour de Pétrarque, quelques inscriptions peintes sur des vases grecs.
La nature visuelle des poèmes du brésilien Augusto de Campos est reprise en une articulation musicale ; ceci offre à la langue de nouvelles possibilités au-delà des interactions traditionnelles entre la musique et le texte. Pulsar, à la frontière entre la respiration et le chant, demande un contrôle particulier de la voix. Dans le fleuve continu des sons, les couplets coulent comme des segments homogènes ; à la fin cependant, la suite des couplets changent alors que certaines parties du texte viennent se répéter et se superposer. Les étoiles qui remplacent la voyelle " e " et les cercles à la place de la voyelle " o " se différencient dans le son par une articulation correspondante. Les nuances dynamiques correspondent à l’importance de ces signes.
Pendant tout le morceau, on demande aux chanteurs de séparer mécaniquement les phonèmes : scandés par les chanteurs, c’est seulement l’auditeur qui les assemble alors en continuum de mots et de sens. Le poème apparaît comme une image fermée constituée de six unités de six vers. Dans la musique, cette compacité visuelle du poème est exprimée par la lecture simultanée de plusieurs extraits du texte (à chaque fois quatre des six vers) qui engendre un spectre sonore très complexe. Le texte reste compréhensible tant que la série de ces lectures synchronisées est graduelle, ordonnée et continue : on a juste besoin de se rattacher à ce qui ressort de temps en temps. Certaines séries organisées selon d’autres critères produisent par contre des textes parallèles difficiles à identifier. Le tout est porté par des répétitions continues du texte, qui sont placées et repoussées les unes sur les autres avec leur métrique différente pour finalement former un entrelacement d’aucune densité homogène. Pour indiquer le caractère cyclique du processus, Quasar s’achève par un do capo partiel.
Source : GRAME

" Je n’ai pas pu savoir quelle relation a liée H.G Wells à Pétrarque. Justement parce que les siècles semblent les séparer, je voudrais faire remarquer un fait particulièrement intéressant. Dans le roman La machine à explorer le temps de Wells, le protagoniste est capable de voyager dans le temps. Lorsqu’il place le curseur de la machine sur une position avancée dans le temps, il se retrouve dans un environnement inquiétant, désert et sans âme qui vive : c’est la terre vue d’une perspective s’étendant au-delà de l’espèce humaine. Pétrarque dessine une image similaire dans son livre Triomphe de l’éternité. Ce qui est remarquable ici, c’est qu’un croyant est capable de voir un avenir asséché même du sens de la vie. La musique tente alors de s’approprier l’apparition du vide, un écho en perpétuel devenir. Est-ce une voix qui a survécu et qui vient nous parler de la désolante éternité, ou bien est-ce l’écho de l’humanité elle-même disparue ? Les Grecs en peignant sur les vases nous ont livrés une image très précise du monde, même dans les détails, dans leurs vies privées, dans leurs existences particulières. C’est comme si les Grecs et leurs vies se reflétaient à la surface des vases. Potiers, peintres, personnes représentées, donateurs et bénéficiaires, tous parlent et chantent une imposante langue figurative. J’ai réuni certaines de ces inscriptions, de fines lignes, suspendu à des lèvres ouvertes pour toujours ".
Salvatore Sciarrino

Four texts of different time periods, and several diverse sources inspired this work: these sources include contemporary visual poetry, the song of the court by Pétrarque, and specific painted inscriptions on Greek vases.
The visual nature of the poems by Brazilian poet Augutso de Campos is reprised in musical articulation; this offers new language possibilities, which far exceed the traditional interactions between music and text. Pulsar, at the border between breathing and singing, demands a particular control of the voice. The sounds continue like a river, the verses flow like homogeneous segments. However, ultimately the homogeneous segments are changed so that specific parts of the text are repeated in a cannon. Written in the poem, stars replace the vowel “e” and circles replace the vowel “o”, these symbols are different in sound by corresponding articulation. The dynamic nuances correspond to the importance of the signs. Throughout this entire piece, the singers are demanded to mechanically separate the sound of the language: chanted by the singers, the listener must assemble the continuity of the words and their meanings. The poem is visualized as a closed image made up of six units and six verses. In the music, the visual capacity of the poem is expressed through a repetitious cannon, (groups of 4 lines throughout the 6 verses) which generate a very complex spectrum of sound. The text rests comprehensible as long as the series of the synchronized lectures is gradual, tidy and continuous: one only needs to link themselves to that which comes out from time to time. However, certain organized series without the rest of the produced criterion make the parallel texts difficult to identify. The work is engaging due to the continuous repetitions of the text, which are finally intertwined. For indicating the cyclical process of the character, Quasar finishes the work by a partial do capo.
Source: GRAME (traduction : Allison Gerthoffer)

“I couldn’t know what relationship connected H.G. Wells to Pétrarque. Due to the fact that the time periods were far apart, I wanted to make a particularly interesting reference. In the novel The Time Machine by Wells, the protagonist is capable of traveling through time. When he sets the machine to travel to the future, he finds himself in a strange environment worried, stranded, and alone: he saw the earth inhabited, without human reference. Pétrarque draws a similar image in his book Triomphe de l’éternité. What is remarkable in this work, is the idea of having the ability to believe in a future, while lacking any sort of direction in life. The music tries to befit itself by having an appearance of emptiness, which serves as an echo in becoming everlasting. Is it a voice that survived and returned to humanity to speak to us of eternal distress, or is it the echo of humanity itself disappearing? That which the Greeks painted on the vases delivers to us a very precise image of the world; in the details on the vases one can see their private lives in their particular existences. It is as if the Greeks reflected their lives on the surface of the vases. Potters, painters, representative people, donators and beneficiaries, all speak and sing an imposing figurative language. I have reunited certain inscriptions, of fine lines, hanging from open lips forever.”
Salvatore Sciarrino (traduction : Allison Gerthoffer)




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