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Actualité du Vendredi 23 Janvier 2009 à 18h00

CONCERT ELECTROACOUSTIQUE

Au Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice, Auditorium (127 avenue Brancolar, Nice).


Dans le cadre de la Semaine du Son 2009
CONCERT ELECTROACOUSTIQUE


"Sud" de Jean-Claude RISSET,
pour sons fixés en 4 pistes : projection sur l'acousmonium
par les élèves de la classe de composition électroacoustique du conservatoire de Nice.

"Studio Instrumental Trio" Improvisation
Jean Marc BACCARINI, saxophone et électronique, Stefano FOGHER (photo droite) contrebasse et voix,
 Michel PASCAL (photo gauche) clavier électronique.

"Figures de style : Ascionerie n° 3" de Patrick ASCIONE.




NOTICES ET BIOGRAPHIES (compositeurs et interprètes)


"Sud"
Sud  a été commandée par le Ministère de la Culture, à l'initiative du GRM (Groupe de Recherches Musicales  de l'INA), où la pièce a été réalisée en 1984-1985. La pièce utilise principalement des sons enregistrés dans le massif des calanques, au sud de Marseille, et aussi des sons synthétisés par ordinateur à Marseille. Ces sons ont été traités par ordinateur au GRM, utilisant des programmes développés par Benedict Mailliard et Yann Geslin.
Au début, et par instant, la pièce se présente comme une "phonographie" - mais les sons se trouvent en général altérés par les transformations numériques. Ainsi le profil dynamique des vagues, qui ouvre la pièce, imprègne-t-il les trois mouvements. La pièce est bâtie à partir d'un petit nombre de sons "germinaux": enregistrements de mer, d'insectes, d'oiseaux, de carillons de bois et de métal, de "gestes" brefs joués au piano ou synthétisés à l'ordinateur; J'ai fait proliférer ce matériau en combinant diverses transformations: moduler, filtrer, colorer, réverbérer, spatialiser, mixer, hybrider. Cézanne voulait "unir des courbes de femmes à des épaules de collines": de même, la synthèse croisée permet de travailler "dans l'os même de la nature" (Michaux), de produire des hybrides, des chimères - d'oiseaux et de métal, de mer et de bois.. J'y ai eu recours surtout pour transposer des profils, des flux d'énergie. Ainsi la pulsation d'enregistrements de mer est par endroit appliquée à d'autres matières sonores - alors qu'à d'autres moments l'origine de "vagues" ou déferlements sonores n'a aucune parenté avec la mer. Une échelle de hauteur ( sol - si - mi - fa dièse - sol dièse ), exposée d'abord par des sons synthétiques, va colorer divers sons d'origine naturelle ; elle devient dans la dernière partie  une véritable grille harmonique, qu'oiseaux ou vagues font résonner, à la façon d'une harpe éolienne.
Les sons naturels et synthétiques sont d'abord présentés séparément : ils se fondent de plus en plus dans le cours de la pièce. Ainsi entend-on se déplacer dans l'espace de vrais chants d'oiseaux aussi bien que des sons synthétiques stylisant oiseaux ou insectes. Dans la troisième section, le filtrage de croassements d'oiseaux apparaît d'abord comme un écho coloré, puis comme un véritable "raga" sur l'échelle de hauteur introduite. L'origine des nombreux sons déduits du matériau germinal peut être repérée sur un "arbre généalogique" décrivant la prolifération et ressemblant à un rhizome. L'agencement temporel met en jeu plusieurs niveaux de rythme et, peut-on dire, une logique de flux. On peut proposer un scénario métaphorique :
     
I. La mer le matin. Eveil d'oiseaux criards s'animant du pointillisme à la strette. Nuages harmoniques. Venant du grave, accumulation d'êtres hybrides. Chaleur. Luminy, au pied du Mont Puget : insectes et oiseaux réels et imaginés.
II. Appel - comme une bouée à cloche animée par la mer. Agitation, flux, dérives, péripéties, mistral, tempête, feu de la terre, ou orage intérieur ?
III. Le profil de la mer, de plus en plus coloré : le bruit devient hauteur stridente. Hybrides animés. La grille harmonique se dévoile, excitée de toutes parts : pulsions programmées, raga d'oiseaux, vagues de la mer. Reflux: le bruit du ressac.

Sud est enregistré sur les CDs monographiques Wergo 2013-50 (avec Songes, Passages, Little Boy) et INA C1003 (avec Dialogues, Inharmonique et Mutations).



Jean-Claude RISSET

A la fois scientifique et musicien, Jean-Claude Risset est l’un des pionniers de l’informatique musicale, ce qui l’a conduit à l’élaboration de ces illusions acoustiques (“ sons paradoxaux ”) comparables à l’escalier de Penrose ou aux travaux de Escher pour l’image. Il est aussi un important compositeur de musiques électroacoustiques, mixtes (ordinateur, bande magnétique et instruments) et instrumentales.
Jean Claude Risset est né en 1938 au Puy. Il a étudié le piano, l’écriture, puis la composition avec André Jolivet, parallèlement à des études scientifiques à l’École Normale Supérieure.
S’il a toujours écrit des œuvres instrumentales, du "Prélude pour orchestre" de 1963 à "Filtres" pour deux pianos, "Phases "pour grand orchestre et "Triptyque" pour clarinette et orchestre, il est connu comme l’un des principaux pionniers de la synthèse des sons par ordinateur, avec Max Mathews et John Chowning.
Il réside trois ans aux États-Unis, (où il rencontre Edgar Varèse), et travaille aux Bell Laboratories. Il y a réalisé dès les années soixante des imitations d’instruments et des illusions acoustiques, pendant auditif des gravures d’Escher, et appelés “ sons paradoxaux ” : sons qui montent indéfiniment, ou qui descendent de même. Il a lui-même utilisé ces sons dans une musique de scène, Little Boy, (1968) – où la descente infinie du son représente la chute de la bombe sur Hiroshima.
Il publie un catalogue de sons synthétisés à l’aide d’ordinateurs en 1969, et met en œuvre à Orsay le premier système européen de synthèse numérique des sons. À la création de l’Ircam, il a dirigé à la demande de Pierre Boulez le département ordinateur.
Dans des œuvres comme "Little Boy", "Mutations" (1969), "Songes" (1980), ou "Sud" (1985), Jean Claude Risset tire parti de la synthèse pour sculpter le son, le rendre expressif et musical Il cherche à aller au-delà de la composition avec des sons pour tenter de composer le son lui-même, en faisant jouer le temps dans le son plutôt que d’agencer des sons dans le temps.
Il a réalisé de nombreuses œuvres mixtes, mariant étroitement instruments et voix aux sons d’ordinateur : "Dialogues, Inharmonique," pour soprano et bande, (1977) ; "Mirages", pour seize musiciens et bande, (1978) ; "Voilements", pour saxophone et bande, (1987) ; "Invisible," pour soprano et ordinateur, (1994).
Comme compositeur en résidence au Media Laboratory du MIT, il a mis en œuvre en 1989 le premier Duo pour un pianiste, dans lequel le pianiste est accompagné, sur le même piano, par un double informatique sensible à son jeu. Il poursuit des recherches sur l’informatique musicale au Laboratoire de Mécanique et d’Acoustique du CNRS à Marseille.
Sa recherche et ses compositions ont reçu de nombreuses distinctions internationales.



Le Studio Instrumental développe, depuis 1980, une nouvelle expressivité « à l'intérieur même des sons ». Il construit de nouveaux modes de jeu pour les synthétiseurs, dans le voisinage des techniques des instruments acoustiques.
Le groupe a exploré en profondeur l'improvisation, multipliant rencontres et collaborations avec de nombreux musiciens dans différents styles musicaux dont le jazz de création, la musique contemporaine, la variété expérimentale... et leur offrant un contrôle gestuel inédit sur le traitement numérique en temps réel du son de leurs instruments.
Le quintette Claude Crousier, Pascal Gobin, Michel Pascal, Barre Phillips, Philippe Renault vient de sortir un CD, Beyond avec le Groupe de Musique Vivante de Lyon : http://www.gmvl.org/productions_edition2.php?idOeuvre=18
http://studio-instrumental.org/


Michel PASCAL est compositeur. Il travaille avec le monde du théâtre, du cinéma et de la danse. Membre du Centre International de Recherche Musicale, il a participé à l'élaboration du Festival Manca de 1983 à 1994. Il est l'un des fondateurs du Studio Instrumental au sein duquel il développe de nouvelles techniques de jeu spécifiques des claviers électroniques utilisant notamment la reconnection des gestes d'attaques, de pression, de pédales... à des paramètres musicaux qui dans le monde acoustique, ne pourraient pas être jouables.
Il enseigne la composition électroacoustique au Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice.

Stefano FOGHER né à Trieste, Italie en 1956, contrebassiste et comédien. En 1974 : premier concert, en 1978 : premier spectacle de théâtre. La première Cie avec laquelle il travaille, "il Cantiere" réside dans l'Hôpital Psychiatrique Ouvert de Trieste et participe à l'ISTA dirigé par Eugenio Barba. En 1983 il quitte l'Italie. En France il rencontre celui qui sera son maestro : le contrebassiste californien Barre Phillips. Une autre rencontre importante en 1990 : Tadeusz Kantor, il est acteur dans “O douce nuit”. En trente ans il a participé à plus de 170 spectacles surtout comme musicien, compositeur, comédien et metteur en scène. Il a travaillé avec, entre autres, avec Alfredo Lacosegliaz, Jean Jacques Lémetre, Michel Pascal, Olivier Farge, Alex Grillo, Jean Cohen Solal, Peter Kowald, Alain Timar, André Velter, Fred Personne, Aksak et Charlotte Vincent.

Jean Marc BACCARINI (photo du bas) pense que le jazz s’est toujours métissé avec les tendances/innovations musicales de son époque. Le thème musical dans le jazz est un prétexte à l’improvisation mais avec son groupe Mikatptojam, il fait le pari un peu fou de s’en passer, d’improviser simplement à l’intérieur d’un nouveau monde non seulement acoustique mais aussi électronique et mélanger les instruments traditionnels du jazz aux nouveaux procédés de création musicale assistés par des machines. La rencontre avec Michel Pascal lui permet de franchir une étape supplémentaire dans cette liaison fertile en construisant un système de transformation qui enregistre, boucle, transpose, découpe et restitue en multiples fragments le son de son saxophone et lui en donne le contrôle au moyen de pédales et de potentiomètres.
Jean Marc Baccarini joue régulièrement avec Philippe Canovas, Christian Mariotto, Sylvia Versini, Yves Laplane, les frères Levan, Gilles Alamel, il enseigne au Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice.
http://bacca.canalblog.com/profile/48415/index.html



" Figures de style : Ascionerie n°3 "
Commande de la DRAC PACA + Studio Instrumental. Juin 2008.
Cette pièce est le troisième volet d’une suite initiée en 2005.
Ce qui a présidé au choix de ce titre est un questionnement face à l’habituelle nécessité de devoir en choisir un...
Depuis que je compose, j’ai progressivement pris conscience d’un ensemble d’habitudes, de manières de faire, peut-être de manies, qui souvent m’envahissent au moment où je travaille… Au point que tout cela prend très vite le pas sur mes intentions et motivations initiales et finit par devenir prioritaire dans le travail en cours, et finalement le véritable axe de mon travail…
Accepter cela procède de la nécessité d’un univers personnel à découvrir, explorer, développer …Du besoin d'une sorte de rendez-vous plastique indispensable avec les sons, les couleurs, les phrases, les formes et l’espace. Pour en déployer ma propre façon (au sens artisanal du terme), sans qu'aucun contexte quel qu’il soit puisse perturber le véritable sens de ce travail…
C’est naturellement que m’est venu ce terme « d’ascionerie » , d’abord perçu comme une expression saugrenue, puis très vite comme une sorte d’évidence puisqu’il faisait parfaitement écho à ce qui me paraît primordial en art en général, c'est-à-dire la conscience de son propre style et son propre univers, et le fait de devoir aller chercher au fond de soi-même ce qu'aucune technique, aucune formule, et ce qu’aucun livret ne donnera jamais…
C’est donc à mes propres automatismes, rituels, et tics d’écriture repérés au fil du temps, et sans doute aussi à mes défauts, que j’ai cédés et auxquels je me suis laissé aller ici délibérément.
Patrick Ascione

Patrick ASCIONE (Paris, 1953)
Après des études musicales traditionnelles, il suit une formation à l’IMEB (Institut International de Musique Electroacoustique de Bourges) et devient membre du groupe jusqu'en 1984.  Il aborde la composition par ordinateur à l’IRCAM avant de se consacrer à la composition et à la recherche.
Ses œuvres sont principalement des commandes des principaux studios (INA-GRM, M&R, IMEB, etc.) et de l'Etat. Elles ont été plusieurs fois primées aux concours internationaux les plus importants.
Il crée en 2004 une classe de composition acousmatique à l’Ecole de Musique de Cherbourg.
Deux périodes caractérisent son parcours :
La première à partir de 1978, où il développe dans ses pièces l'idée selon laquelle la musique électroacoustique est un peu comme la peinture… C'est-à-dire un art de fixation des sons sur un support : "Métamorphoses d'un Jaune Citron", " Bleus et formes", "Polyphonie-Polychrome….
Vers le milieu des années 80, il s'oriente vers la notion de "polyphonie spatiale" et "d'écriture de l'espace", et l'adoption plus large du format multipiste dans la composition.
Il réalise en 1988 la première pièce entièrement composée, contrôlée et projetée en salle sur 16 pistes réelles vers 16 groupes distincts de haut-parleurs, et dont il articule la structure en une suite de "figures d'espace" en manière de mouvements ("Espaces-Paradoxes" INA-GRM 1989). Cette voie permet d'intégrer directement les paramètres de spatialisation et de diffusion dans le processus même d'écriture de l'œuvre en studio à partir d’un nombre adapté de pistes à l'inverse du mixage traditionnel : " Chants Sphériques", "Couleurs d'espaces", " Holophonie ou la baleine rouge", " Danse de l’aube", " Barcarolle pour studio et bande ", " Enième ", Figures de style "Ascionerie 1, 2,  3 & 4" (pour 8 et 16 pistes réelles).


Tout public

(Répétition générale de l'après-midi : de 13h30 à 16h30 est ouverte aux classes de formations musicales du CRR de Nice)


CIRM, Centre National de Création Musicale
33 avenue Jean Médecin, 06000 Nice
04 93 88 74 68 - Fax 04 93 16 07 66
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