Jeudi 24 juin 2004 - Au Musée national Marc Chagall - Direction Attilio Tomasello, Assistant musical Frédéric Voisin - Au programme : Fausto Romitelli "Amok Koma" (2001), Olivier Messiaen "Quatuor pour la fin du Temps" (1941)
Ensemble Apostrophe de l’Orchestre Philharmonique de Nice
Direction Attilio Tomasello
Assistant musical Frédéric Voisin
Fausto Romitelli (photo)
Amok Koma (2001) – Production CIRM 12’
Flûte, 2 clarinettes, violon, alto, violoncelle, percussion, clavier, piano et électronique
Olivier Messiaen
Quatuor pour la fin du Temps (1941) 48’
Clarinette, piano, violon et violoncelle
Fin du concert : 21h30
Lorsque le CIRM passe commande à un compositeur, c’est bien sûr dans le but de produire son œuvre en concert. Imaginer que dès lors ceci est suffisant à constituer une politique de création musicale nous semble cependant totalement illusoire. Afin que la technologie utilisée puisse arriver à maturité, afin que le langage du compositeur puisse être décrypté, afin surtout que l’œuvre puisse être connue du plus grand nombre et puisse frapper à la porte de son intégration dans le répertoire, il est indispensable qu’elle soit reprise de nombreuses fois et que différents interprètes puissent se l’approprier. Tel est le cas d ’ " Amok Koma " de Fausto Romitelli créé en novembre 2001 lors du festival MANCA par l’ensemble " Itinéraire ".
Le " quatuor pour la fin du temps " de Messiaen quant à lui est déjà un classique du 20 ème siècle. Ces deux œuvres ont pour point commun le fait de présenter une démarche que l’on pourrait qualifier " d’hallucinatoire ". Hallucinations mystiques chez Messiaen, dictées par la faim et le froid du stalag ; hallucinations psychédéliques chez Romitelli qui reste fidèle dans sa démarche à la poétique d’artistes comme Bacon ou Michaux.
Ensemble Apostrophe de l’Orchestre Philharmonique de Nice
Souhaité dès l’arrivée de Marco Guidarini à la direction du Philharmonique de Nice en Octobre 2001, l’ensemble Apostrophe se consacre à la création contemporaine et à la musique du Xxème siècle. Il collabore avec les compositeurs actuels et des chefs ou solistes spécialisés. Il peut également se produire sans chef, sous la responsabilité de ses solistes, dont plusieurs manifestent un goût prononcé pour la musique de leur temps. Cet ensemble souhaite montrer que la musique contemporaine n’est pas qu’une affaire de création, mais déjà de répertoire, en proposant dans ses programmes les " classiques " du Xxème siècle comme Stravinsky, Varèse etc…
Constitué à l’origine d’un quintette à cordes, d’un quintette à vent, plus piano et percussions, l’effectif d’Apostrophe varie au gré des répertoires abordés.
Dans l’esprit qui préside à sa création, cette formation travaillera avec le CIRM, centre de création musicale, basé à Nice.
En 2003, Apostrophe s’est produit au " Printemps des Arts " de Monte-Carlo, où il a joué " Folk songs " de Berio, sous la direction de Marco Guadarini.
Attilio Tomasello (Alessandria -Italie- 1969)
Attilio Tomasello étudie tout d’abord le piano (Premier Prix avec mention d’honneur), puis la composition (cours supérieur) et la pédagogie musicale, au Conservatoire de sa ville natale. Parallèlement, il fait des études de direction d’orchestre à l’Accademia Superiore Pescarese (Pescara).
Nommé en 1997 adjoint au chef des chœurs de l’Opéra de Nice, il a aussi exercé la fonction d’assistant musical. Depuis, son répertoire d’opéra compte plus de cinquante titres du grand répertoire, dont une trentaine comme assistant de chefs d’orchestre : Guidarini, Haider, Joël, Köhler, Lipanovic, Palumbo, Pleyer, Pons, Viotti, Weise, pour des institutions aussi prestigieuses que l’Opera de Rome, le Laboratorio Lirico Alessandrino, Teatro Comunale di Alessandria, le Festival della Valle d’Itria (Martina Franca), Opern Air Gars am Kamp (Wien), l’Opéra de Montpellier, les Chorégies d’Orange, le Festival de Paris-St-Denis, le Festival Musiques au Cœur d’Antibes, et au Stade de France pour les productions de Aida et de Carmen avec le Philharmonique de Radio-France.
C’est au cours de la saison 2002-2003, que Marco Guidarini lui offre le poste d’adjoint au Directeur musical de l’OPN. Il dirige ainsi chaque saison des concerts symphoniques et une production de la saison lyrique. Il est responsable du projet “Opéra Junior” qui voit trois cycles de concerts pour les écoles, l’Université et une production d’opéra pour enfants.
Il a dirigé le Philharmonique de Nice, l’Orchestre National de Montpellier, le Philharmonique de Brno, l’Orchestra Classica d’Alessandria dans des productions d’opéra, ainsi que différents programmes symphoniques et de concerts de musique contemporaine. Il a dirigé récemment Histoire du soldat de Stravinsky avec l’ensemble “Apostrophe”, Figures libres de F. Hurel dans la saison de concerts du Musée Marc Chagall de Nice, puis Les nuits d’été de Berlioz avec Véronique Gens, et un concert Satie-Mozart-Prokofiev.
Il a accompagné des solistes tels que M. Coppey, B. Engerer, P. Fontanarosa, G. Tacchino, et tout récemment, la soprano Denia Mazzola-Gavazzeni en récital à la salle Messiaen de Radio-France.
Ses projets, Folk Songs de Berio, Pierrot Lunaire, Histoire du soldat, Brundibar et Le petit ramoneur au Théâtre national de Nice.
Attilio Tomasello est actuellement adjoint au Directeur musical de l’Opéra de Nice, Marco Guidarini.
Fausto Romitelli (Gorizia, Italie 1963)
Fausto Romitelli a obtenu un diplôme de composition au conservatoire Verdi à Milan et a suivi des cours de troisième cycle à l’Accademia Chigiana de Sienne et à la Scuola Civica de milan. En 1991, il s’installe à Paris pour étudier les nouvelles technologies et suit le cursus d’informatique musicale, dirigé par l’IRCAM, institution avec laquelle il a collaboré en 1993 et 1995 en tant que compositeur en recherche. Ses travaux ont obtenu des récompenses lors de compétitions internationales comme à Amsterdam, Francfort, Graz, Milan, Stockholm et Sienne, où il reçoit le premier prix de la compétition Casella en 1989. Sa musique à été jouée dans de nombreux festivals (Festival musica de Strasbourg, Ars musica de Bruxelles, ISCM de Francfort et Stockholm, Festival Présence de Radio France, Saison IRCAM-- inter contemporain, Saison musicale du centre Pompidou, Festival Royaumont, Biennale de Venise, Festival de musique en scène de Lyon, Milano Musica Festival, Festival Time of music d’Helsinki).
L’artiste a également collaboré avec des ensembles et orchestres comme : l’Itinéraire, Court-circuit, l’Inter Contemporain, l’ensemble FA, 2 E2M, Ictus, L’Ensemble des Musiques Nouvelles, l’orchestre Toscanini, Alter Ego, L’Orchestre philharmonique de Radio France…
Il a reçu des commandes du ministère français de la culture, de l’Etat autrichien, du festival Roma Europa, de l’IRCAM…
Ses prochains projets incluent des commandes de l’orchestre philharmonique de Radio France, de l’Orchestre Toscanini, de l’Orchestre de chambres de Wallonie, d’Agon, du festival Manca (CIRM-- Nice) et du festival Royaumont.
AMOK KOMA
(2001)
"Dans cette œuvre, je suis parti d’une idée très simple : celle de la répétition- dégradation du matériau. Les processus linéaires prévisibles et donc rassurants se verront orientés progressivement vers les pôles extrêmes que sont le silence et la saturation, grâce à des accélérations jusqu’au paroxysme. L’idée de " processus musical " est seulement un prétexte me permettant de rendre perceptible ce qui m’intéresse véritablement : l’avènement d’une violence cachée qui se révèle seulement par la dérive chaotique du matériau, par le rituel de sa destruction comme élément discursif porteur de forme et sa résurrection comme matériau incandescent, dès lors, hors de tout contrôle. "
Fausto Romitelli
Olivier Messiaen (Avignon 1908 - Clichy 1992)
Né en 1908 en Avignon, Olivier Messiaen entre au Conservatoire de Paris à l’âge de onze ans et obtient cinq premiers prix : contrepoint et fugue, accompagnement au piano, orgue et improvisation, histoire de la musique, composition. En 1931, il est nommé organiste à l’Eglise de La Trinité où l’on se presse bientôt pour entendre ses improvisations.
Très imprégné par la foi catholique, Messiaen avoue être un musicien théologique et refuse toute approche mystique. En effet tous ses grands ouvrages sont étayés non seulement d’analyses proprement musicales, mais de commentaires théologiques extrêmement solides, s’appuyant toujours sur des références précises, qu’elles proviennent des Ecritures, de la liturgie, des Pères de l’Eglise ou d’auteurs anciens et modernes. Les titres de ses œuvres sont des références directes à la religion : Vingt regards sur l’enfant Jésus (1944), Apparition de L’Eglise éternelle (1932) Méditation sur le Mystère de la Sainte Trinité (1969), La Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ (1965-1969). Par ailleurs son amour pour le sacré coexiste avec un amour pour le profane, symbolisé par le mythe de Tristan et Iseult. L’essence de cet amour est la même, seule sa manifestation diffère : les deux se rejoignent dans une même quête éperdue d’absolu, qui ne trouvera à s’assouvir parfaitement que dans la Contemplation de l’Ineffable. Or ces œuvres traitant de l’amour profane sont peu nombreuses et limitées dans le temps, elles se situent toutes entre 1936 et 1948. La Turangalîla-Symphonie (1946-1948) mise à part, ce sont toutes des œuvres vocales sur des textes du compositeur lui-même.
Enfin, la nature, comme un inépuisable réservoir de sonorités, dans laquelle l’intervention humaine serait absente, se retrouve très souvent au centre de ces compositions. Messiaen étudie l’ornithologie et ne tarde pas à introduire des chants d’oiseaux dans son langage musical. Il dira à leur propos qu’ils sont : " Mes grands maîtres, mes meilleurs maîtres " et les consacre dans le Réveil des Oiseaux (1953), Oiseaux exotiques (1955-1956) ou encore Un Vitrail et des oiseaux (1986).
La musique de Messiaen, quelle que soit l’œuvre choisie, est de celles qu’on reconnaît à un seul accord, à un seul rythme, à un seul intervalle mélodique. Pour lui un accord est violet, ou rouge orange, avant d’être chiffré ou analysé selon les sons qui le composent. Il enrichira ses créations de rythmes provinciaux indiens et utilisera les sonorités extrêmes orientales afin d’organiser l’œuvre de toute une vie autour d’une pluralité d’axes aussi originaux qu’exotiques.
QUATUOR POUR LA FIN DU TEMPS
(1940-1941)
Dans le "Quatuor pour la fin du Temps", Messiaen associe pour la première fois le chant des oiseaux à son langage musical. Déporté au Stalag VIII à Görlitz (Silésie), durant la seconde guerre mondiale, il connaît la faim et le froid et ne tarde pas à être sujet à des hallucinations dans lesquelles lui apparaît entre autres, l’arc-en-ciel de l’Ange de l’Apocalypse et d’étranges tournoiements de couleurs.
Le quatuor va naître dans ces circonstances. Messiaen compose un petit morceau sans piano, dans un premier temps et le soumet à ses trois camarades instrumentistes. La première audition à lieu sous la neige devant un auditoire de cinq mille personnes. Les musiciens jouent sur des instruments cassés. Le violoncelle d’Etienne Pasquier n’a que trois cordes, les touches du piano d’Olivier Messiaen s’abaissent et ne se relèvent plus.
Il précise que le langage musical de l’œuvre est essentiellement immatériel et spirituel et qu’il s’agit d’atteindre une forme d’ubiquité.
Le Quatuor pour la fin du Temps est composé de huit mouvements :
1-Liturgie de cristal
2-Vocalise, pour l’ange qui annonce la fin du Temps
3-Abîme des oiseaux
4-Intermède
5-Louange à l’éternité de Jésus
6-Danse de la fureur pour les sept trompettes
7-Fouillis d’arc-en-ciel, pour l’ange qui annonce la fin du Temps
8-Louange à l’immortalité de Jésus
L’auteur précise à ce propos : " Sept est le nombre parfait, la création de six jours sanctifiés par le sabbat divin ; le sept de ce repos se prolonge dans l’éternité et devient le huit de la lumière indéfectible, de l’inaltérable paix. "
(rédaction et impression du programme en juin 2004)
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