"Dans la nuit du 9 au 10 décembre 1970, j'ai rêvé de "Trans". Le
lendemain matin, j'ai noté ce que j'avais vu et entendu en rêve. J'ai
rapporté cet événement à Otto Tomek qui m'a rappelé peu de temps après
pour me demander si je pouvais composer cette pièce pour les
Donaueschinger Musiktage-1971.
En mai et en juin 1971, sur
l'initiative d'Otto Tomek, quelques expériences ont été effectuées à la
Südwestfùnk de Baden-Baden en ce qui concerne la disposition,
l'éclairage et; la technique particulière du jeu, et j'ai écrit la
partition de la mi-juillet à la mi-septembre 1971".
TRANS est
exécuté sur une scène de théâtre. Les instrumentistes sont placés comme
suit : vingt instrumentistes à cordes sont assis aussi près l'un de
l'autre que possible, en une rangée, sur le devant de la scène, de
l'extrême gauche à l'extrême droite ; vingt autres sont assis
directement derrière eux, aussi près l'un de l'autre, occupant les
intervalles, sur une estrade haute d'environ 45 centimètres.
Les
Groupes 1-IV sont assis derrière eux, au fond de la scène, de gauche à
droite ; le chef d'orchestre est assis au milieu, directement derrière
les cordes, et il dirige les quatre groupes. Derrière son dos se trouve
un écran noir. Les Groupes I-IV et le chef d'orchestre ne sont pas
visibles de la salle. Au début de la représentation, le rideau est
fermé, l'éclairage de la salle s'éteint. Le rideau s'ouvre très
lentement en une minute environ (ou éventuellement encore plus
lentement). La scène entière est baignée dans une lumière
rouge-violette brumeuse. Cette couleur est difficile à décrire; celle
qui s'en rapproche le plus est celle des premiers moments d'un lever de
soleil au Pôle Nord - vu d'avion - ou la lumière rouge-violette sur
l'horizon de la mer, vers la fin d'un coucher de soleil, par ciel
dégagé. Pour obtenir cet effet de couleur, on a besoin, dans les
théâtres, d'un fin rideau de gaze (dont la texture doit être aussi peu
visible que possible), éclairé de la rampe avant par des lampes
violettes.
Pendant que le rideau s'ouvre, les ins-trumentistes à
cordes commencent à jouer l'un après l'autre. Ils ont tous la même
posture et le même coup d'archet, qu'ils conservent jusqu'à la fin de
la représentation. Ils sont assis, figés ; seul leur bras droit se meut
extrêmement régulièrement avec l'archet. Les changements d'archet
doivent être absolument synchrones. Le coup d'archet doit être aussi
lent que possible. Chaque note com-mence par un coup d'archet
ascendant.
Tous les instrumentistes à cordes jouent en habit noir, les dames en robe de soirée noire.
Tout
l'orchestre est synchronisé à l'aide d'une bande magnétique sur
laquelle sont enregistrés des sons de métier à tisserAu dernier "coup
du temps", le rideau se ferme lentement et les cordes cessent de jouer
l'une après l'autre. Une fois le rideau complètement fermé, on entend
encore au loin pendant un moment, les derniers sons des cordes dans
l'aigu. Alors, pendant un moment, le silence et l'obscurité demeurent.
L'éclairage de la salle s'allume lentement.
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