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Actualité du Lundi 19 Avril 2010 au Vendredi 02 Juillet 2010

PRODUCTION - Installation sonore



Du 19 avril au 2 juillet 2010

Dans les studios du CIRM (Nice)



Frédérique Nalbandian
, plasticienne et Cécile Bonopéra, psychanalyste travaillent à l'élaboration d'une installation sonore sur la base d'une oreille de savon, sur laquelle de l'eau sera déversée. Accompagnant l'érosion du bloc de savon, une présence auditive ... celle de sons en résonnance s'articulant via des mots énoncés, des bruits d'eau, ... la bande sonore ,elle aussi, subira des transformations.


"Notre projet vise la réalisation d’une œuvre plastique sonore issue d’un ensemble de rencontres entre une psychanalyste, Cécile Bonopéra et une plasticienne, Frédérique Nalbandian. À partir d’un ensemble de préoccupations communes, nous avons eu envie de réfléchir et de repenser la dynamique formelle à partir de l’utilisation du son. Les deux pratiques, l’une analytique, l’autre artistique, se font ici écho et se réunissent en point d’orgue autour d’éléments constitutifs de leurs champs de recherches respectifs : l’appareil auditif, la voie - voix, la lumière blanche, les traces, l’écoulement, la tonalité, le silence, le fond, le fragment, la perte. Il s’agit en effet d’atteindre à une résonance différente de la forme à partir de l’utilisation du sonore dans un temps et un espace donnés, pour faire apparaître une présence autre, palpable, faisant trace pour le visiteur.

L’articulation de la pièce s’organisera autour de l’alliance de trois enregistrements émis selon des rythmes, ponctuations, tonalités et répétitions variés, composés d’énoncés de mots, syllabes, bribes de phrases, de bruits d’eau (suintement, écoulement sous pression, ruissellement) et des sons d’un crayon sur une feuille de papier à l’écriture manuscrite d’un texte.
Ces enregistrements entreront en résonance avec une installation work in progress de six oreilles modelées en savon (d’environ 60/70 cm de long), disposées sur un plateau immaculé blanc (planche à découper). Cette installation sera combinée avec des dispositifs de micro irrigation qui viendront dissoudre les oreilles en savon pendant le temps de l’exposition. À l’emplacement de ces oreilles, des trous auront été préalablement percés pour l’évacuation de l’eau savonneuse. Elle s’écoulera dans un bac circulaire recouvert de bitume (matériau d’étanchéité) situé sous le plateau (voir croquis). Chaque oreille sera donc équipée de plusieurs goutteurs (5/6) dans laquelle l’eau s’écoulera lentement. Les temps d’arrosage seront très courts (10/15 secondes) et déclenchés par un programmateur toutes les 20 minutes environ. Les oreilles se déformeront de manière diverse  et des sillons se creuseront. Le bac, de couleur noire en début d’exposition se marquera progressivement de taches d’eau savonneuse et de traces d’écoulement.
Parallèlement, les sons émis par la diffusion en boucle de la bande sonore se transformeront sensiblement à chaque nouveau passage de celle-ci, se « déformant » elle aussi dans le temps, accompagnant ainsi l’évolution des oreilles disparaissantes et du bac devenant une peinture ultérieurement.

Le spectateur sera en prise directe avec une substance sonore et matérielle évolutives. Entre vacillement et évanouissement, l’œuvre fait une tentative d’ouverture en guise d’interrogation, plutôt qu’une production d’une signification particulière ou d’un travail sonore précis.

Frédérique Nalbandian – Cécile Bonopéra 2009



Fragments de « fragments sonores »,

Les « fragments sonores » sont conçus comme une suite de variations vocales qui déplient le thème plastique de Frédérique et se déploient ou se replient à volonté. Ils sont là pour soutenir le visiteur dans une approche autre de l’œuvre, comme un passage. Ils sont faits pour être dilatés jusqu’à s’effilocher, et même s’effacer.


Comme dans le rêve : la blancheur de la page,

Tu disposes des oreilles sur une page blanche.

Sont-elles égarées ? Laisses-de-mer, marins rejetés par la mer, écorchées ?

Ecorcher les oreilles, écrire la langue.

Inscrire des mots dans une matière vive, écrire brise la voix.

 

Quand j’étais petite je m’amusais à répéter un mot à l’infini et tout d’un coup je trébuchais sur l’étrangeté du son issu de ma gorge. Il avait perdu son sens du départ et cette perte de sens entendue, me faisait soudain vaciller un instant : allais-je m’engloutir aussi à la suite du sens chu ?

Tu fais couler de l’eau. Dans les oreilles l’eau forme des lacs, elle s’écoule ruisselle et creuse des gorges comme entrelacs de mots qui retiennent et entravent par leurs sens. Fiction du sens qui capture et distrait, il assigne au bord des lacs, ordonne le long de ses entrelacs. Le sens apaise et cependant il asservit. Car le sens se repaît du son, il va jusqu’à transir le cri de part en part, dès que le cri consent à passer au langage.

L’eau forme des lacs dans la matière des oreilles qui est matière savonneuse à creuser, raviner, dissoudre. La rompre en fragments improbables. Des écarts apparaissent alors d’un fragment à l’autre où se sera glissée l’eau en laissant des traces. Je recueille les traces laissées par l’eau, dessins précieux de traces inédites qu’elle laisse en s’épuisant, qu’elle efface parfois en passant. Les suivre du doigt pour en déchiffrer l’étrange message, les lire.


Les oreilles sont toujours ouvertes.

Les mots sont des fragments de langue qui choient dans les oreilles.

 

Le passage de l’eau évanouit la matière savonneuse. Une fois l’eau évaporée le passage de l’eau s’égale à presque rien : traces de voix, éclats d’oreilles abusées de langage.

Le silence la précède et la suit, vacillant entre désir et oubli.

 

Cécile Bonopéra,

À Nice, le 10 Avril 2010.



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