Elliott Carter étudie la littérature
anglaise et la musique à l'université de Harvard. De 1932 à 1935, il
travaille avec Nadia Boulanger à l'Ecole normale de musique à Paris. De
1936 à 1940, Carter est directeur musical des ballets Caravan, puis il
enseigne à St John's College dans le Maryland. Il enseigne notamment à
la Columbia University et à la Julliard School of Music. A partir de
1937, il publie de nombreux articles sur la musique, écrivant notamment
des chroniques sur la vie musicale américaine dans la revue Modern
Music, ainsi que des essais sur différents compositeurs Ives,
Stravinsky, Piston, etc.), sur sa propre musique, sur le jazz, la
musique de film, l'opéra ou la situation du compositeur dans la société
contemporaine. Il s'est essentiellement consacré à la composition à
partir des années 50, recevant de très nombreux prix pour son oeuvre.
Les orchestres les plus renommés et les plus grands solistes, de même
que de nombreux ensembles de musique de chambre, lui ont commandé des
partitions. Carter a abordé les différents genres de la composition, à
l'exception toutefois de la musique religieuse et de l'opéra. Mais la
plupart de ses oeuvres instrumentales, de même que ses trois cycles
vocaux, comportent une dimension «opératique» sous-jacente. Carter doit
sa vocation musicale à son intérêt pour la musique moderne dans les
années 20, lié à une curiosité sans fin pour toutes les manifestations
artistiques nouvelles. Sa rencontre avec Ives, qui l'encourage à
devenir compositeur, est décisive. Dans les années 30, sous la pression
des événements politiques et sous l'influence de l'enseignement de
Nadia Boulanger, Carter se rapproche du style néoclassique. Ce n'est
qu'à la fin des années 40 qu'il parvient à trouver son propre langage,
fondé sur le sens de la continuité et sur l'individualisation des
différentes couches de la composition. Ecrivant une musique exigeante,
loin du style américanisant d'un Copland ou d'un Bernstein, mais loin
aussi de l'expérience sérielle, qu'il juge à certains égards
sévèrement, Carter a construit son oeuvre avec une certaine lenteur et
dans un grand esprit d'indépendance. Homme d'une immense culture, il a
réalisé une synthèse entre les diverses tendances de la musique de ce
siècle et entre des conceptions musicales appartenant à des époques ou
à des cultures très différentes.
Philippe Albera
CIRM, Centre National de Création Musicale
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