Initialement formé au conservatoire de Cluj/Kolozsvàr en Transylvanie hungarophone, le jeune Ligeti dut
interrompre ses études en 1943, à la suite des mesures antisémites. La
presque totalité de sa famille disparut en déportation (seule sa mère
survécut).
Après la Seconde Guerre mondiale, il poursuit ses études de composition à l’Académie Franz Liszt à Budapest où il enseigne lui-même l'harmonie et le contrepoint de1950 à 1956. Il fuit la Hongrie suite à la révolution de 1956 et
se réfugie à Vienne, puis à Cologne, où il rencontre Karlheinz
Stockhausen, Pierre Boulez, Luciano Berio et Mauricio Kagel, avec qui
il travailla.
Il s’installe à Vienne en 1959 et obtient la
nationalité autrichienne en 1967. Par la suite, il enseigne à
Darmstadt, ainsi qu’à Hambourg et à Stockholm.
György Ligeti a été honoré de multiples distinctions, dont le Berliner Kunstpreis, le Prix Bach de la ville de Hambourg, ou le Prix de composition musicale de la Fondation Pierre de Monaco.
Il décède le 12 juin 2006 à Vienne.
L’œuvre de Ligeti est
des plus diverses, puisqu’elle va de la pièce pour piano seul à
l’opéra, en passant par la musique de chambre, l’orchestre, la musique
électronique et des formations plus anecdotiques (Poème symphonique
pour 100 métronomes), sans oublier l’orgue et le clavecin qui
apparaissent assez peu dans la musique contemporaine.
Les œuvres de
la période hongroise de Ligeti, notamment le Premier quatuor à cordes,
ont une inspiration nettement bartókienne, mais possèdent déjà le côté
iconoclaste qui s’affirmera plus tard. Ainsi, les onze pièces de Musica
ricercata sont écrites en utilisant seulement deux notes pour la
première pièce (la deuxième note n’apparaissant d’ailleurs qu’à la
dernière mesure), puis trois, et ainsi de suite jusqu’à la dernière
pièce qui est dodécaphonique. Il est à noter que malgré cette pièce,
Ligeti restera plus tard à distance du dodécaphonisme ou de la musique
sérielle. Six de ces pièces furent arrangées pour quintette à vents.
Dans le premier quatuor on trouve aussi cette progression mathématique,
puisque les intervalles utilisés augmentent progressivement à chaque
mouvement en commençant par le demi-ton.
Après sa fuite de Hongrie,
les deux pièces électroniques Glissandi (1957) et Artikulation (1958)
restent isolées dans l’œuvre de Ligeti, puisqu’il ne recourra plus à
cette technique plus tard, préférant la plupart du temps procéder à des
expérimentations sur instruments acoustique. Ces deux pièces sont
d’ailleurs très différentes l’une de l’autre : dans Glissandi, qui
utilise les principes de la modélisation des phénomènes
psychoacoustiques, Ligeti explore un subtil jeu de glissement entre
harmonie et timbre, entre fusion et intégration, alors qu’Artikulation
a une approche nettement plus « bruitiste », avec des objets sonores
possédant une individualité propre.
En 1961, la pièce pour grand
orchestre Atmosphères poursuit la voie inaugurée dans Glissandi en
introduisant la technique de « micro-tonalité », où un contrepoint
extrêmement serré avec de petits intervalles et un grand nombre de voix
n’est plus perçu en tant que tel, dans son détail, mais en tant que
masse sonore mouvante. Lontano (1967) pour orchestre et Lux Æterna
(1966) pour chœur explorent des voies similaires. Ligeti, par cette
esthétique de l’ambivalence harmonie-timbre, influera beaucoup sur la
génération des compositeurs de l’école spectrale.
Dans le Poème
symphonique pour 100 métronomes de 1962, le cliquetis de ces derniers
est organisé pendant près de vingt minutes par un interprète qui règle
précisément les tempi et les départs.
Ligeti affina cette technique
- où la répétition d’un même son dans plusieurs voix à des vitesses
presque identiques crée des déphasages évoluant lentement dans le temps
- dans diverses œuvres, notamment dans les scherzos du Deuxième quatuor
à cordes (1968) et du Concerto de chambre (1970), ainsi que dans les
Trois pièces pour deux pianos (1976). En plus de cette technique
purement rythmique, Ramifications (1969) pour double orchestre à cordes
brouille les lignes en accordant un des deux orchestres à un diapason
légèrement différent de celui de l’autre.
Aventures et Nouvelles
aventures constituent une forme de théâtre musical utilisant des
techniques vocales inhabituelles (cri, grognement, rire...). Loin des
préoccupations des œuvres micropolyphoniques ou polyrythmiques de
Ligeti, ces deux pièces renvoient plutôt à une approche qui remonte à
Artikulation.
Les œuvres de la dernière période (concertos pour
piano, pour violoncelle, pour violon, ainsi que les Études pour piano),
suivant en cela une tendance générale de la musique contemporaine,
renouent plus ou moins avec la tradition en utilisant diatonisme, voire
tonalité, et mélodie, mais l’invention et la facétie du compositeur
restent intactes.
Principales œuvres
1951-1953 : Musica Ricercata, onze pièces pour piano
1953 : Six Bagatelles pour quintette à vents (Arrangement de six pièces de Musica Ricercata)
1951-1954 : 1er Quatuor à cordes, « Métamorphoses nocturnes »
1957 : Glissandi, composition électronique
1958 : Artikulation, composition électronique
1961 : Atmosphères, pour grand orchestre
1962 : Volumina, pour orgue
1962 : Aventures
1963-1965 : Requiem
1966 : Nouvelles Aventures
1966 : Lux Æterna
1967 : Lontano, pour orchestre de cordes et de vents,
1968 : Continuum, pour clavecin
1968 : 2e Quatuor à cordes
1968 : Continuum, pour clavecin
1968-1969 : Ramifications, pour double orchestre à cordes
1969 : Étude n°2 « Coulée », pour orgue
1969 : Concerto de chambre
1971 : Melodien, pour orchestre de chambre
1972 : Clocks and Clouds, pour 12 voix de femmes et orchestre
1976 : Trois pièces pour deux pianos (Monument, Selbstportrait, Bewegung)
1974-1977 : Le Grand Macabre, opéra
1982 : Trio pour violon, cor et piano
1983 : Trois Fantaisies pour chœur a cappella d’après Hölderlin
1985 : Études pour piano, Premier livre
1985-1988 : Concerto pour piano
1988-1994 : Études pour piano, Deuxième livre
1995-2001 : Études pour piano, Troisième livre
Source : wikipedia
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