Entre un son grave et un son aigu, il n'y a qu'une différence de vitesse. Le son grave vibre lentement, le son aigu plus vite.
Entre une image et un son, c'est pareil.
Une corde qui vibre très lentement ne s'entend pas encore, mais on la voit vibrer.
Comment faire entendre ce qui ne s'entend pas encore sur un enregistrement ? Chut ! Ça a commencé en fait.
Commençons par la corde la plus grave qui vibre le plus lentement lentement si vous voulez bien.
Tendez-là un peu, elle s'entend. Détendez-là, elle ne s'entend plus.
Jouez avec cela.
C'est un prélude, comme dans tous les préludes, vous pénétrez dans le domaine du son.
Vous avez 4 cordes sur votre violoncelle. C'est comme ça : un violoncelle ça a 4 cordes, il est construit pour ça.
C'est là qu'intervient la sympathie. Car ces cordes s'entendent bien. Lorsque vous jouez une corde, les autres vibrent aussi, sans que vous ne les touchiez.
Ce n'est pas magique, c'est physique. C'est magique un peu quand même quand on est naïf comme nous.
Si je joue sur la corde grave, les autres cordes résonnent pour amplifier le son. On ne l'entend pas fort, mais c'est là. Et cela fait une partie du son de l'instrument.
Donc, lorsque l'on change la tension de la corde grave, on modifie la sympathie entre les cordes. Il y a de l'antipathie, de l'empathie, de la télépathie, il faut donc faire attention.
Tiens, voilà que lorsque la corde grave est accordée deux fois moins vite que sa voisine, il y a beaucoup de sympathie entre elles.
Restons-y, car elles semblent se sentir bien comme cela.
Testons, l'instrument. Il sonne plus longtemps que ce que l'on joue. Un peu comme une viole d'amour. Et l'amour, c'est bien au-delà de la sympathie.
Mais l'amour est éphémère comme vous le savez.
Tendons notre corde, continuons notre périple.
Nous arrivons presque à l'accord habituel, un accord qui a toute notre sympathie. Robert Schumann l'a utilisé dans son quatuor avec piano.
Sympa Schumann.
Mais un prélude prélude précisément.
Il est voué à être suivi de quelque chose.
Ce quelque chose c'est la pièce proprement dite. Même si certains compositeurs ont écrit des préludes à rien, ce n'est pas là votre choix.
Votre choix vous est proposé par ce qui se passe tous les printemps sur votre balcon.
Un merle chante. Ça chante vite un merle. Et, vous pauvre humain, vous n'entendez pas tout, parce que cela va trop vite.
Alors vous ralentissez votre merle. Vous l'enregistrez et vous le ralentissez pour qu'il ait taille humaine, vitesse humaine.
Quelle n'est pas votre surprise lorsque vous découvrez qu'il chante des voyelles, qu'il aboie, qu'il rigole.
Vous décidez d'en faire une pièce pour violoncelle que vous dédiez à Séverine Ballon.
Par amitié.
Thierry Blondeau
“Cela faisait bien 4 ans que nous en parlions, Thierry et moi, de travailler ensemble sur une pièce de violoncelle. Thierry est d’ailleurs violoncelliste amateur, à toutes nos séances ensemble, il est venu avec son instrument, il tenait à essayer les sons sur son violoncelle et pouvoir les jouer lui-même. Il m’a dit, le violoncelle, c’est un honneur d’écrire pour un si bel instrument...
Devant les fenêtres de Thierry Blondeau, dans
son village dans un vignoble alsacien, il y avait un merle qui chantait, un
chant magnifique, il fallait l’épier, ce n’était pas tous les jours. Alors
Thierry a enregistré les chants, et a écrit sa pièce de violoncelle Blackbird
comme réponse à cet oiseau.“
Séverine Ballon
CIRM, Centre National de Création Musicale
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