Le point de départ de cette pièce est un solo de soundplane intitulé « chantepleure pour une planche à son ». Une chantepleure (ou champlure) est en ancien français un arrosoir ou un robinet. Dans mon esprit, il s’agit avant tout d’un procédé d’écriture électroacoustique, consistant à créer une pièce multiphonique pour sons fixés qui ne se révèle qu’en réaction au jeu des musiciens. Il s'agit donc moins aux musiciens de déclencher des événements que d'explorer un environnement immuable sous-jacent. Chaque pression ouvre une brèche par laquelle s'infiltrent les flux sonores. Chaque geste influe sur l'orientation et le débit des cours de son qui ravinent en façonnant le paysage. De la toccata baroque, ce nouveau trio d’instruments numériques à pression (du souffle pour le Sylphyo et des doigts pour le soundplane et les boppads) en retient le caractère libre et énergique, quasi improvisé, mais aussi en moque gentiment la virtuosité, comme un amical pied de nez à l’antique famille des claviers, qui ne peuvent ni glisser, ni vibrer.
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