Il s'agit d'une adaptation en six sections de la Musica Ricercata
destinée au piano ; les deux œuvres ont été achevées alors que le
compositeur était encore en Hongrie, l’un des « pays de l’Est » dont le
régime demandait aux musiciens une musique convenue de chant choral au
style populaire. Ligeti ne s’y est cependant pas restreint : ces deux
œuvres condamnées par les autorités comme « musique dégénérée »
témoignent de ses recherches en matière de composition, même si elles
apparaissent modestes en comparaison à ce qui se faisait en Occident.
Les onze pièces de la Musica ricercata sont construites sur un principe
d’écriture conférant à chacune dans leur ordre d’apparition l’emploi
d’une note supplémentaire de la gamme chromatique. C’est donc dans la
sixième section des Bagatelles que le discours est le plus étoffé,
arborant des montées chromatiques de plus en plus vastes pour aboutir à
l’épisode « wie verrückt » (« comme fou ») de la fin de l’œuvre.
Lors de la réécriture, la formation étoffée et quelque peu hétérogène
du quintette à vents permet à Ligeti de réaliser un travail sur les
caractères et les timbres : la quatrième section utilise le cor dans un
mode de jeu aux sons cuivrés (« gestopft ») ; elle rappelle en même
temps la danse par son rythme ternaire et ses accents. En cela, elle
s'oppose à la première section qui fait usage de l'articulation piquée
comme d'une marque d'ironie, lorsqu’elle apparaît conjointement à des
contrastes dynamiques très nets. La caducité de l’énoncé vient en outre
des déplacements de temps forts et de la particularité à outrepasser la
mesure. Cette dernière prend bientôt une ampleur qui va jusqu’à rendre
caduque le temps musical.
Pour la cinquième section, la flûte énonce seule une série constituée
de six éléments sur une ponctuation en constant déphasage rythmique. Ce
procédé contamine bientôt les autres pupitres, à la manière dont était
traité le motif d’accompagnement de la troisième section. À ce stade de
l’œuvre, le système des hauteurs s’organise en un mode de sol, ce qui
pour autant ne doit pas signifier que le langage de Ligeti est modal.
Chez lui en effet — et on aura pu le vérifier à plusieurs reprises dans
ces Bagatelles — comptent la densité ainsi que les combinaisons
d’intervalles et de timbres parmi les principes formels essentiels de
l’écriture de Ligeti, dès les débuts de sa carrière de compositeur.
Source : Wikipédia
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