(...) Dans C’est un jardin secret, ma sœur, ma fiancée, une fontaine close, une source scellée… (1976), la forme naît de tout un jeu d’ambiguïtés et de transformations progressives entre divers types de son : sons harmoniques dits « naturels » (obtenus en effleurant le corde à l’endroit de nœuds de vibration), sons molto sul ponticello (obtenus en jouant très près du chevalet, ce qui dégage de forts partiels harmoniques), jeu ordinario, etc. Le tempo n’est jamais stable, mais subit sans cesse accélérations ou ralentis (le modèle ici serait moins l’Europe orientale que le gamelan balinais !). La pièce fut initialement écrite pour alto seul, à l’occasion du mariage de deux amis, ce qui explique le titre (une citation du Cantique des cantiques). Plus tard, la violoncelliste russe Viktoria Gantchikova me suggéra d’en faire, avec son aide, une version pour son instrument – transcription qui met bien en valeur certains aspects de la pièce. Tout le jeu sur les harmoniques naturelles, par nécessité, fut transposé à l’octave inférieure, tandis que les parties chantées restaient à leur hauteur initiale, bénéficiant ainsi de la grande expressivité du registre supérieur du violoncelle.
Tristan Murail (Extrait du Livret du CD "Une Rencontre... Schumann Murail" de Marie Ythier)
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